TL;DR
- Sur le plateau Iranien, les serpents sont sacrés et protecteurs avant que le dualisme indo‑iranien ne les requalifie en démons ; ils forment un ensemble cohérent avec les déesses, l’eau, le grain et la garde/protection. On le voit de Sialk et Shahdad à l’Élam et Jiroft. [^oai1]
- Napiriša, dieu élamite, est littéralement assis sur un trône formé d’un serpent à tête humaine d’où jaillissent les « eaux de vie » — serpent = loi des eaux + souveraineté. 1
- La chlorite de Jiroft et la glyptique apparentée font du serpent un curriculum : héros dompteurs de serpents, dyades aigle–serpent (Etana), serpents entrelacés pour la fertilité, serpents ceinturant des jarres à eau, et plateaux de jeu en ouroboros qui enseignent le temps cyclique. [^oai1] 2
- Le mythe iranien ultérieur moralise le serpent en Aži Dahāka (Żahhāk), mais les dragons restent liés au temps qu’il fait, à la pluie, aux éclipses et à l’eschatologie — la technologie de la nature reste au sous‑sol. 3 4
- Lus avec l’Eve Theory of Consciousness (EToC) et le Snake Cult of Consciousness (SoC) : les images serpentines sont des surfaces de contrôle — des diagrammes rituels pour le flux (eau/éros/poison), le temps (ouroboros/jeu) et les seuils (serpents gardiens) — par lesquels les groupes humains entraînent l’attention, la récursivité et le passage réglé. (cf. Vectors of Mind.)
« …un dieu assis sur un trône formé par un serpent à tête humaine… tenant le disque et la baguette, d’où jaillissent les eaux de vie. »
— Encyclopaedia Iranica, « Elam vi. Elamite religion. » 1
Thèse#
Affirmation. Sur le plateau Iranien, les serpents ne sont pas de simples « symboles ». Ce sont des interfaces — des diagrammes intégrés dans des vases, des trônes, des sceaux et des jeux — qui enseignent et imposent trois comportements : (1) gouverner le flux (eau, souffle, venin, éros), (2) tenir le temps (cyclique, retour), (3) négocier les seuils (garde/permission). L’EToC nomme la découverte féminine du miroir intérieur ; le SoC modélise les guildes serpentines comme une technologie initiatique. Le matériel du Plateau montre comment cette technologie a été emballée et transmise.
Ce n’est pas une thèse ex nihilo. Le blog Handako synthétise des découvertes iraniennes où les serpents gardent l’eau, gravitent autour des déesses et structurent le jeu ; la religion élamite encode explicitement l’autorité hydrique du serpent ; et la culture matérielle du Plateau fait de la manipulation du serpent une compétence, non une panique. [^oai1] 1
Le matériau : des serpents là où se prennent les décisions
1) Droit de l’eau et souveraineté (de l’Élam à Shahdad)#
- Élam (Kūrangūn) : Napiriša trônant sur un serpent à tête humaine ; le disque/bâton émet les « eaux de vie ». Ce n’est pas un zoomorphisme sensationnaliste ; c’est une théologie d’État : le siège du dieu est la créature du flux ; la légitimité = le droit de libérer l’eau. 1
- Glyptique et mobilier de Suse : doubles serpents autour de tables rituelles ; la recherche lit le serpent élamite comme eaux vives / eaux de source ; la protection se regroupe avec une fleur à 12 pétales (déesse). 5 6
- Jarres de Shahdad & Sialk : des serpents s’enroulent en spirale sur les vases à eau ; l’« étendard » en bronze de Shahdad encadre une déesse assise avec des paires de serpents entrelacés ; la fonction est explicite : garder la réserve d’eau/de grain. [^oai1]
Lecture. Serpent = gouvernance hydraulique. Sur le Plateau, le serpent est la poignée que l’on saisit quand on gouverne la pluie/l’irrigation, tout comme l’Élam en a fait le siège sur lequel on s’assoit pour légiférer le flux.
2) Entraîner la récursivité et le temps (jeux de Jiroft, ouroboros)#
- Jiroft : plateaux dont les « cases » sont formées par des serpents se mordant la queue ; Handako y voit un lien avec l’ouroboros (temps sans bord). Des travaux indépendants sur Shahr‑i Sokhta reconstituent les règles d’un jeu de plateau du Plateau contemporain d’Ur ; c’est‑à‑dire le jeu comme pédagogie de l’avance cyclique + du risque. [^oai1] 7
Lecture. Le plateau matérialise le retour — on apprend à anticiper les boucles. Dans le SoC, c’est la métacognition ; dans l’EToC, c’est la répétition intérieure de l’enfant stabilisée par le rythme maternel (chant, bercement en boucle).
3) Garde et permission (sceaux, héros, seuils)#
- La chlorite de Jiroft affectionne les serpents combattants et un héros dompteur de serpents (souvent mal identifié comme Gilgamesh) qui tient des serpents ; un vase de Nippur portant l’inscription « Inanna and the Serpent » montre le même complexe dans un contexte mésopotamien, avec un travail de Jiroft. 2 8
- Dyades aigle–serpent (Etana) : la souveraineté se négocie entre le ciel et la spire ; la glyptique iranienne importe et adapte ce couple de guetteurs. [^oai1]
- Préfiguration asclépiéenne (hors Iran mais pertinente) : le serpent gardien/guérisseur dans les temples et les cités ; le Plateau possède des serpents gardiens sur des couvercles de jarres et des seuils. (Comparer avec le culte grec pour la continuité de fonction.) [^oai1]
Lecture. Les serpents gardent la porte ; le passage requiert une initiation, non la force brute. C’est l’axe du SoC.
Tableau — Motifs serpentins comme « surfaces de contrôle » (accent sur le Plateau)#
| Motif (support) | Fonction enseignée/imposée | Exemple concret / locus | Sources |
|---|---|---|---|
| Trône‑serpent | Droit souverain sur l’eau ; légitimation | Napiriša trônant sur un serpent à tête humaine, eaux jaillissantes | 1 |
| Jarres à eau ceinturées de serpents | Garde des flux stockés ; apotropaïque | Sialk, Shahdad : serpents sur les parois, couvercles et bases des vases | [^oai1] |
| Serpents entrelacés | Fertilité / couplage ; accroissement saisonnier | « Étendard » de Shahdad ; iconographie élamite ; couplage à Jiroft | [^oai1] 5 |
| Dyade serpent–aigle | Pacte de souveraineté (ciel/terre) ; serment & vengeance (Etana) | Vases de Jiroft avec rotation rapace–serpent | [^oai1] |
| Héros tenant des serpents | Capacité, non chaos ; acquisition de pouvoirs animaux | « Héros iranien » de Jiroft saisissant des serpents ; chlorite de Nippur « Inanna and the Serpent » | [^oai1] 8 |
| Plateaux ouroboros | Temps cyclique ; pédagogie du risque/retour | Plateaux de Jiroft / Shahr‑i Sokhta avec cases‑serpents et morsure de la queue | [^oai1] 7 |
| « Homme aux serpents » (fins de hampes du Luristan) | Emblème de seuil sur des étendards ; loi processionnelle | Sommet de hampe « maître des animaux » du Luristan avec adversaires serpentins | 9 |
Note sur la démonisation : quand les serpents deviennent des problèmes#
Handako a raison de dire que la moralisation tardive des serpents suit le déplacement vers des dieux suprêmes masculins dans les cadres aryens/sémitiques. Dans le mythe iranien, Aži Dahāka assume le rôle de dragon ; les textes relient l’aždahā à la pluie, au temps qu’il fait, aux éclipses et au nettoyage eschatologique (Garšāsp/Keresāspa). Le serpent ne disparaît pas ; il est relégué dans l’infra‑monde des monstres — gérant toujours le flux, mais désormais comme obstruction à lever. 3 4
Autrement dit : après le pivot théologique, la technologie serpentine est conservée mais policée — schéma familier lorsque la loi sacerdotale consolide les rites de la nature.
Comment cela enrichit l’Eve Theory et le cadre du Snake Cult#
EToC. Si la réflexivité du soi se stabilise d’abord dans des dyades dirigées par des femmes (nomination, rythme, miroir), les serpents du Plateau montrent comment cette grammaire s’externalise dans des médias civiques : trônes (qui autorise le flux), vases (comment stocker le flux), jeux (comment modéliser le temps), étendards (qui a droit de passer). Le serpent est le diagramme du délai — enroulement, pause, relâchement — c’est‑à‑dire la cinématique de l’attention.
SoC. Le matériau du Plateau encode un curriculum en quatre étapes :
- Saisir : le héros tient les serpents (souffle + stabilité). [^oai1]
- Loi : les serpents ceinturent les jarres à eau et le trône — le flux est autorisé. [^oai1] 1
- Boucle : les plateaux ouroboros font répéter le retour (ne pas paniquer devant la récursivité). [^oai1] 7
- Porte : les serpents gardiens marquent les seuils (sceaux, étendards). [^oai1] 9
Faites cela, et vous obtenez un esprit gouverneur, non un simple projecteur.
Harmoniques inter‑mythiques (en bref)#
- Inanna & le Serpent : l’inscription « Inanna and the Serpent » sur un vase de Nippur issu d’un atelier de Jiroft suggère un trafic Plateau→Mésopotamie : déesse, félin, serpent dans un unique tableau de seuil. 8
- Ningishzida / Nirah : des dieux serpents mésopotamiens des enfers et du droit des kudurru soutiennent le même couplage : serpent + juridiction. (Pensez « pierre de frontière avec un serpent ».) 10
- Résonance grecque (en une ligne) : quand drakōn signifie « qui voit aigu », votre « dragon » est un guetteur ; c’est la même description de poste que le serpent‑gardien de porte du Plateau — autre langue, affordance identique.
Exemple développé : Éleusis rencontre Kūrangūn (un geste de synthèse)#
Éleusis vous fait donner licence à la mort avant de passer le molosse ; Kūrangūn fait trôner un dieu des eaux sur un serpent à tête humaine qui libère l’eau vivante. Mis ensemble : loi féminine du retour (grain/Éleusis) + loi serpentine du flux (Élam) = un opérateur suffisamment général pour la gouvernance de soi : délai, lien et permission.11 1
FAQ#
Q1. Existe‑t‑il des preuves solides que les serpents entrelacés = fertilité, et pas seulement un joli motif ?
R. Oui : le couplage revient précisément dans des contextes de fertilité (déesses, tables d’eau, stockage du grain), et les études sur le mobilier élamite lisent les serpents comme des divinités de source/puits. Handako suit ce couplage à Shahdad et Jiroft ; les travaux académiques corroborent l’interprétation eau/fertilité. [^oai1] 5
Q2. Le Plateau possédait‑il vraiment l’ouroboros avant les attestations textuelles grecques ?
R. Le motif du serpent se mordant la queue apparaît comme dispositif structurel sur des plateaux de Jiroft/Shahdad ; l’étiquette « ouroboros » est grecque, mais la logique de l’image (boucle/temps) est présente localement dans des contextes anciens. [^oai1] 7
Q3. Żahhāk n’est‑il pas la preuve que l’Iran a toujours été anti‑serpent ?
R. La phase anti‑serpent est historique (dualisme indo‑iranien/zoroastrien). Le matériel plus ancien du Plateau montre des serpents protecteurs et hydrauliques ; les textes ultérieurs maintiennent les serpents liés au temps qu’il fait/à la pluie même en les démonisant. [^oai1] 3
Q4. Quel est le meilleur visuel unique pour votre thèse ?
R. Napiriša sur le trône‑serpent à tête humaine — un souverain littéralement assis sur le flux. Toute l’argumentation est condensée dans cette image. 1
Notes#
Sources#
Handako (synthèses et corpus d’objets, persan) :
- هنداکو. « نقش مار در هنر باستانی فلات ایران. » (oct. 2021). Panorama des motifs serpentins sur céramiques, sceaux et plateaux du Plateau, avec liens déesse/eau. [^oai1]
- هنداکو. « مار در اندیشه و اساطیر ایران باستان. » (oct. 2021). Aži Dahāka, Garšāsp et démonisation zoroastrienne ; notes iconographiques. 4
- هنداکو. « نماد مار در اساطیر و هنر ۵ تمدن باستان. » (oct. 2021). Vue d’ensemble comparée Mésopotamie–Égypte–Inde–Grèce–Asie occidentale ; serpents entrelacés, ouroboros. 12
Ancrages primaires / académiques :
- Encyclopaedia Iranica. « Elam vi. Elamite religion » (en particulier le relief de Kūrangūn : Napiriša sur serpent à tête humaine, eaux de vie). 1
- Encyclopaedia Iranica. « AŽDAHĀ. » Portée et liens aux phénomènes naturels des dragons/serpents iraniens ; vieil/moyen iranien jusqu’au persan. 3
- Penn Museum Expedition. « Carved Chlorite Vessels » (style Jiroft ; motif de serpents combattants et adversaires variés). PDF. 2
- Note de recherche : « Remarks on Two ‘Intercultural Style’ Vessels from Nippur » (chlorite de Nippur avec inscription « Inanna and the Serpent » ; débats sur l’attribution à un atelier de Jiroft). 8
- Negari, F. M. (2024). « Borrowing Freshwater Worship… Third Millennium BCE Shahdad. » (Représentations de serpents sur les jarres TAK IV ; divinité des eaux). PDF. 13
- Moradi, H. (2023). « Origin of the Serpent Motif in Southeastern Iran. » (Serpents entrelacés, symbolisme de l’eau ; relations Plateau–Élam–Mésopotamie). 14
- Smithsonian NMAA. « Master-of-animals standard finial (Luristan). » (Sommet d’étendard/seuil avec adversaires serpentins). 9
- Black & Green. Gods, Demons and Symbols of Ancient Mesopotamia (notes sur Nirah, divinité serpentine de la frontière/loi). (Extrait en accès libre). 10
Contextuel / corroboratif :
- Actualités & reconstructions sur les règles et la chronologie du jeu de plateau de Shahr-i Sokhta (pour le jeu comme entraînement au temps). 7
Vectors of Mind (cadre théorique) :
- Cutler, A. « The Snake Cult of Consciousness » et suites (2022–2025).
- Cutler, A. Série « Eve Theory of Consciousness ».
En termes d’EToC : les diagrammes serpentins enseignent le délai (enroulement), le lien (ceinture/boucle) et la libération autorisée (flux non gardé). Ce sont des interfaces utilisateur pour les premiers États et les foyers. ↩︎