TL;DR
- La théorie Ève de la conscience (EToC) traite l’Homme d’Or comme un système de contrôle sophistiqué dépourvu de modèle explicite de soi ; le langage existe, mais surtout comme coordination externe et comme mythe.
- Quand la syntaxe récursive devient puissante et intériorisée, « je pense que je suis en train de penser » apparaît. C’est le serpent dans le Jardin : un hack grammatical qui force la séparation sujet–objet.
- Les données génétiques et régulatrices (FOXP2, HAQERs) montrent des changements récents, spécifiques à l’humain, étroitement liés aux circuits du langage, suggérant une cassure évolutive nette plutôt qu’un flou progressif.
- Sur le plan développemental, le chemin de Vygotski allant du langage social au langage intérieur transforme le langage d’un outil social en dispositif d’auto-régulation et d’auto-observation. Le serpent migre de l’air vers le crâne.
- Une fois que vous avez un système capable d’analyser « je sais que je vais mourir », le Jardin est brûlé. La même syntaxe qui rend le droit, la science et la théologie possibles rend aussi la culpabilité, l’anxiété et la psychose presque inévitables.
Articles compagnons : Pour une exploration plus approfondie de l’Homme d’Or comme système de contrôle avant la conscience de soi, voir “Golden Man as Control System”. Pour une vue plus large de l’évolution de la conscience, voir “Ten Papers that Push EToC Toward Science”.
« La pensée n’est pas simplement exprimée par les mots ; elle vient à l’existence à travers eux. »
— Lev Vygotski, Pensée et langage (1934)
1. Le Serpent comme grammaire#
Dans l’EToC, le Jardin est le monde de l’Homme d’Or : saturé de mythes, ritualisé, guidé par des dieux plutôt que par des soi introspectifs. Il y a du langage, mais il est centripète. La parole s’écoule vers l’extérieur :
- Pour coordonner les chasses et les rituels
- Pour chanter, maudire, bénir et médire
- Pour raconter des histoires sur les dieux, les animaux, les ancêtres
À l’intérieur de la tête, il y a surtout un flux sensori-moteur plus affect. Pas de narrateur intérieur continu, pas de « je » comme objet d’inspection. L’Homme d’Or est conscient, mais pas conscient de lui-même au sens d’Ève.
Le geste d’Ève est simple et létal :
Prendre le même langage qui autrefois narrait les dieux et le tourner vers la seule chose qu’il n’avait jamais pleinement décrite : l’esprit qui fait cette narration.
Le serpent de la Genèse est le premier linguiste. Il n’introduit ni le feu ni l’agriculture. Il introduit la méta-langue :
« Dieu a-t-il vraiment dit… ? »
« Vous serez comme des dieux, connaissant… »
Ce « connaissant » est le problème. Pas la connaissance sensorielle, mais la connaissance-de-la-connaissance, le concept de second ordre qui exige un arbre syntaxique avec un soi dedans. Une fois que vous pouvez former des phrases comme
« Je sais que je suis nu. »
« Je regrette d’avoir fait cela. »
« Je vais mourir. »
le Jardin ne peut pas survivre.
Pour que cela soit plus qu’un joli jeu littéraire, nous devons montrer trois choses :
- La récursivité et la syntaxe sont réellement un élément spécial et dangereux de la faculté de langage.
- Il existe des preuves biologiques d’un réglage récent et rapide des circuits du langage.
- Sur le plan développemental, le langage externe se déplace réellement vers l’intérieur et devient un outil d’auto-régulation et d’auto-torment.
L’EToC s’insère alors comme le récit de ce qui se passe lorsque ces trois éléments s’alignent dans une population qui a déjà construit l’Homme d’Or.
2. Récursivité : le serpent caché dans la grammaire#
Hauser, Chomsky et Fitch ont rendu célèbre la division de la « faculté de langage » en une faculté large (FLB) largement partagée entre espèces et une faculté étroite (FLN), pour laquelle ils ont proposé un seul candidat : la récursivité.
- La FLB inclut la perception, le contrôle moteur, les systèmes conceptuels et beaucoup de communication de type animal.
- La FLN, si elle existe, est la capacité de générer un ensemble illimité d’expressions hiérarchiques à partir d’un ensemble fini d’éléments.
La récursivité, c’est l’arbre syntaxique : des syntagmes dans des syntagmes, des propositions dans des propositions. C’est ce qui vous permet de dire :
« Je pense qu’elle sait qu’il a menti sur le fait qu’il voulait nous aider. »
Vous pouvez déchirer cette phrase en coquilles imbriquées : [je pense [elle sait [il a menti [à propos de X]]]]. Le point clé pour l’EToC est que la récursivité vous donne :
- L’auto-imbriquement : « Je pense que j’ai tort. »
- L’imbriquement mental : « Je crois que tu me détestes. »
- L’imbriquement modal : « J’aurais pu faire autrement. »
Dès qu’un esprit peut former et comprendre de telles structures, il possède la machinerie formelle pour :
- Traiter ses propres états mentaux comme des objets
- Représenter des soi contrefactuels (« le moi qui n’a pas péché »)
- Représenter des soi futurs (« le moi qui souffrira pour cela »)
La syntaxe récursive est une sorte de serpent qui s’enroule sur sa propre queue.
Les critiques du programme HCF ont raison de dire que l’évolution du langage est plus désordonnée que « une mutation pour la récursivité et c’est fini ». Mais même dans des récits plus nuancés, la structure hiérarchique et l’imbriquement des propositions restent centraux. Une vision à la Jackendoff traite toujours la syntaxe combinatoire comme l’innovation de base qui permet au langage de s’accrocher étroitement à la structure conceptuelle.
Du point de vue de l’EToC :
- La FLB est la boîte à outils de l’Homme d’Or.
- La FLN—quelle que soit sa mise en œuvre exacte—est le serpent qui retourne cette boîte à outils vers l’intérieur.
Sans récursivité, vous pouvez montrer du doigt, étiqueter, vous exclamer, médire, psalmodier. Avec la récursivité, vous pouvez construire un soi.
3. L’ADN dans l’arbre : FOXP2 et HAQERs#
Un mythe est bon. Un mythe appuyé par des données moléculaires est meilleur. Le langage n’est pas simplement un logiciel ; il est contraint et rendu possible par le matériel et le firmware. Deux lignes de travail comptent ici : FOXP2 et les HAQERs.
3.1 FOXP2 : la fourche au pied de l’arbre#
FOXP2 est un facteur de transcription exprimé dans les circuits cérébraux du contrôle moteur et de la parole. Le célèbre trouble héréditaire du langage de la famille KE a mis FOXP2 sur la carte : une seule mutation dominante produisait une dyspraxie verbale sévère et des problèmes de grammaire.
Points clés :
- La génomique comparative montre une poussée d’évolution accélérée dans la séquence codante de FOXP2 sur la lignée humaine.
- Un FOXP2 humanisé introduit chez la souris modifie la plasticité cortico-striatale et accélère certaines tâches d’apprentissage, ce qui suggère qu’il règle l’apprentissage des séquences vocales et d’actions.
- Les éléments régulateurs autour de FOXP2 (enhancers) montrent des changements spécifiques à l’humain, indiquant une sélection sur le moment et le lieu d’expression de ce facteur.
FOXP2 n’est pas un « gène du langage » au sens caricatural, mais il fait partie d’un réseau transcriptionnel à domaine forkhead qui façonne l’apprentissage vocal et le séquençage. Quand vous regardez l’article de Casten et al. sur les HAQERs, le serpent se resserre.
3.2 HAQERs : Human Ancestor Quickly Evolved Regions#
Casten et al. (2025) analysent les « Human Ancestor Quickly Evolved Regions » (HAQERs) : des segments d’ADN qui ont accumulé des substitutions de façon inhabituellement rapide après la séparation humain–chimpanzé. Ils testent ensuite si les variantes dans ces régions prédisent le langage ou la cognition non verbale.
Leur résultat principal :
- Les variantes HAQER influencent spécifiquement les différences individuelles dans les capacités langagières, et non l’intelligence générale.
- Ces régions modulent les sites de liaison pour les facteurs de transcription Forkhead, y compris FOXP2.
- Certaines variantes HAQER associées au langage sont plus fréquentes chez les Néandertaliens que chez les humains modernes, et montrent une évolution convergente chez d’autres apprenants vocaux (oiseaux chanteurs, etc.).
Donc :
- Il existe un réseau de régions régulatrices en évolution rapide.
- Elles sont reliées à FOXP2 et à d’autres facteurs Forkhead.
- Leur empreinte phénotypique est spécifique au langage.
Si vous voulez un substrat biologique pour « le serpent dans l’arbre syntaxique », le voici : un serpent d’ADN régulateur enroulé autour de facteurs de transcription, réglant la façon dont les circuits corticaux et striataux gèrent les séquences de sons et de sens.
L’affirmation de l’EToC selon laquelle la conscience est une surcouche tardive, activement sélectionnée, trouve ici un appui : les composants qui rendent possible le monologue intérieur d’Ève ne sont pas des reliques statiques et anciennes. Ils sont récents, ajustés et encore sous contrainte.
4. Comment le langage s’est glissé à l’intérieur : Vygotski et le langage intérieur#
Jusqu’ici nous avons :
- Une grammaire qui supporte la récursivité.
- Des ajustements génétiques et régulateurs qui affinent les circuits du langage.
Mais l’Homme d’Or parle encore principalement vers l’extérieur. Pour qu’Ève surgisse, il faut un récit développemental où la parole migre vers l’intérieur et devient un outil d’auto-régulation.
Lev Vygotski nous a donné cette carte il y a presque un siècle.
4.1 Du langage social au langage privé puis au langage intérieur#
Vygotski soutenait que le langage commence comme régulation sociale : les adultes utilisent des mots pour guider le comportement des enfants (« ne touche pas », « viens ici », « bravo »). Avec le temps, les enfants intériorisent cette guidance. Le chemin est :
- Langage social – orienté vers l’enfant mais dirigé vers autrui ; les ordres et explications du soignant.
- Langage privé – l’enfant qui se parle à voix haute pendant qu’il agit (« maintenant je mets ça ici », « non, c’est faux »), surtout lors de tâches difficiles.
- Langage intérieur – pensée verbale silencieuse, compressée, utilisée pour la planification, la résolution de problèmes et l’auto-régulation.
Les travaux modernes confirment :
- Le langage privé est corrélé à de meilleures performances de tâche et à un meilleur contrôle exécutif chez l’enfant.
- Le langage intérieur est fortement impliqué dans l’auto-régulation, la mémoire de travail, la planification et la régulation émotionnelle chez l’adulte.
Le serpent, sur le plan développemental, n’est pas une voix mystique. Ce sont les mots de votre soignant, devenus vos propres murmures, devenus votre monologue intérieur.
4.2 Le soi comme dispositif grammatical#
Une fois que le langage intérieur est récursif, il peut :
- Lier des pronoms à une entité de longue durée (« je », « moi », « moi-même »).
- Imbriquer des verbes mentaux (« penser », « savoir », « croire ») pour pointer vers ses propres opérations.
- Construire des opérateurs temporels autour du même référent (« avant, je… », « je vais… »).
Vygotski écrit que la pensée ne fait pas que se trouver exprimée dans les mots, mais « vient à l’existence à travers eux ». L’EToC ajoute : le soi tel qu’Ève l’éprouve vient à l’existence à travers un type particulier de mot—un langage intérieur récursif, saturé de pronoms.
L’Homme d’Or peut dire « le dieu est en colère » ou « le clan a honte ». Ève peut dire « j’ai honte de la personne que je suis en train de devenir », ce qui est un objet computationnel très différent.
5. Pourquoi le langage devait briser le Jardin#
En rassemblant les pièces :
- L’Homme d’Or possède déjà un riche modèle du monde, des émotions sociales, des mythes et un langage non récursif ou faiblement récursif.
- L’évolution régulatrice (FOXP2, HAQERs) affine les circuits vocaux et de séquençage, rendant disponible une syntaxe hiérarchique puissante.
- Les dynamiques culturelles (récit, rituel, droit) sélectionnent fortement les individus et lignées capables d’utiliser cette syntaxe pour une prédiction sociale plus fine et une navigation plus subtile des normes.
- Sur le plan développemental, l’intériorisation vygotskienne tourne le langage social vers l’intérieur. Les enfants commencent à se parler comme les adultes leur parlaient autrefois.
- À un certain moment, cette parole intérieure récursive commence à parler d’elle-même.
À ce moment-là, vous obtenez :
- Un temps autobiographique persistant (« ma vie », et non plus seulement « cette saison »).
- De la culpabilité et de la honte liées non seulement aux actes mais au caractère (« je suis une mauvaise personne »).
- Une peur explicite de la mort comme fin d’un soi narratif, et non simple cessation biologique.
- De nouveaux modes de défaillance psychiatrique : rumination, pensée obsessionnelle, voix qui sonnent comme les siennes mais sont mal attribuées.
Le Jardin n’est pas un lieu ; c’est un régime cognitif :
- Le régime où l’expérience est dense, les dieux sont bruyants et le soi est mince ou absent.
- Une fois que la syntaxe peut imbriquer des soi dans leurs propres propositions, ce régime s’effondre.
Le fruit de la connaissance est la méta-langue. Le serpent est la récursivité, enroulée dans l’arbre syntaxique et agitant sa langue FOXP2-esque vers les circuits corticaux. L’interdiction divine (« ne mange pas de cet arbre ») se lit, dans le récit de l’EToC, comme un avertissement sur le coût de la mise à niveau :
« Si vous acquérez cette faculté, vous connaîtrez votre nudité, votre mortalité et votre séparation d’avec le monde. Vous perdrez le champ ininterrompu de l’Homme d’Or. »
6. Avant et après : une esquisse comparative#
Voici une façon de résumer le changement :
| Dimension | Homme d’Or (pré-serpent) | Ève (post-arbre syntaxique) |
|---|---|---|
| Usage du langage | Coordination externe, mythe, rituel | Externe + monologue intérieur dense |
| Grammaire | Hiérarchie limitée, peu de propositions profondément imbriquées | Récursivité complète, imbriquement des états mentaux et temporels |
| Référence à soi | Fondée sur les rôles et la parenté (« chasseur de X ») | Psychologique (« je suis le genre de personne qui… ») |
| Temps | Cyclique, saisonnier, épisodique | Autobiographie linéaire, arcs narratifs |
| Normes | Imposées via rituel et sanction externe | Conscience intériorisée, culpabilité, confession |
| Émotion | Orientée vers l’action (combattre, fuir, apaiser) | Émotions-sur-les-émotions (honte de la colère, anxiété de la peur) |
| Agents mythiques | Dieux et esprits comme voix externes | Mélange de dieux et d’une voix intérieure qui peut se retourner contre elle-même |
| Souffrance typique | Dureté physique, perte, ostracisme | Angoisse existentielle, crises d’identité, culpabilité obsessionnelle |
De l’extérieur, l’Homme d’Or et Ève chassent, s’accouplent, élèvent des enfants, racontent des histoires. De l’intérieur, ils vivent dans des univers différents.
7. Langage, psychose et l’extrémité de l’arbre#
Dernier retournement : les mêmes circuits qui donnent à Ève son récit intérieur lui donnent aussi la psychose.
- FOXP2 et les voies associées sont impliqués non seulement dans le langage normal, mais dans les troubles du langage observés dans la schizophrénie et d’autres pathologies psychiatriques.
- Des travaux évolutifs récents montrent que les régions sous sélection pour le langage et la cognition sont enrichies en variants de risque psychiatrique, en particulier pour la schizophrénie.
- Le langage intérieur est le point zéro à la fois de l’auto-régulation saine et des hallucinations verbales auditives ; phénoménologiquement, « les voix » ressemblent souvent à un langage intérieur devenu fou.
La suggestion de l’EToC est que :
- La psychose n’est pas une intrusion étrangère dans un esprit stable.
- C’est ce qui se produit lorsque l’arbre syntaxique devient trop serpentin : quand la machinerie auto-référentielle qui permet à Ève de narrer sa vie sur-apprend, mal-attribue ou se découple de la réalité sensori-motrice.
En d’autres termes, l’arbre de la connaissance a une cime instable. La même récursivité qui vous permet d’écrire de la théologie vous permet aussi d’être persécuté par des phrases qui ne vous semblent plus être les vôtres.
8. Ce que cela nous dit sur l’être humain#
Si l’EToC est à peu près juste, alors :
- Nous ne sommes pas des « animaux du langage » en général ; nous sommes des animaux du langage intérieur récursif.
- La rupture fondamentale avec notre dernier ancêtre animal n’est pas d’avoir des mots, mais d’avoir des mots qui peuvent parler d’eux-mêmes, à l’intérieur.
- Le Jardin était une possibilité cognitive réelle : un monde de dieux et de sensations sans soi narrateur.
- La chute n’a pas été un manquement moral mais une transition évolutive et développementale au cours de laquelle le langage a tourné sa puissance vers l’esprit qui l’avait créé.
Le serpent dans l’arbre syntaxique est toujours là. Chaque fois qu’un enfant passe du babillage au langage privé puis à ce premier « je » qui signifie « moi » à travers le temps, le Jardin se referme à nouveau. Chaque fois que votre voix intérieure dit « j’aurais dû… », vous rejouez la scène originelle : le langage tentant un système de contrôle de sortir de lui-même et de se regarder avec jugement.
Le coût est la culpabilité et la folie. Le gain est tout ce qui compte pour vous en tant que personne : mémoire, promesse, histoire, sens. L’Éden sans le serpent, c’est l’Homme d’Or, et l’Homme d’Or n’écrit jamais rien.
FAQ#
Q1. FOXP2 et les HAQERs sont-ils vraiment des « gènes du serpent » ?
R. Aucun gène ou région unique n’« est » le langage, mais les réseaux FOXP2 et HAQER sont des lieux concrets où des changements régulateurs rapides, spécifiques à l’humain, façonnent le séquençage vocal et les capacités langagières, exactement là où une théorie comme l’EToC attend de l’action.
Q2. Les animaux n’avaient-ils pas déjà une certaine récursivité et conscience de soi ?
R. Certains animaux montrent une structure hiérarchique limitée et une reconnaissance de soi au miroir, mais il n’y a aucune preuve d’un soi autobiographique pleinement développé, médié par le langage. L’argument ici porte sur le degré et l’architecture : le soi d’Ève est un produit du langage intérieur récursif, pas seulement d’une perception plus riche.
Q3. Aurions-nous pu avoir le langage sans briser le Jardin ?
R. Il est plausible d’avoir une communication riche sans récursivité profonde ni langage intérieur, mais une fois qu’une espèce évolue une grammaire capable d’imbriquer des états mentaux et que cette grammaire est intériorisée, un soi narrateur, même mince, semble presque inévitable. Le Jardin n’est pas compatible avec « je sais que je vais mourir ».
Q4. Comment tester tout cela ?
R. Empiriquement, il faudrait rechercher des couplages étroits entre : (1) les différences individuelles dans le langage intérieur récursif, (2) les variants génétiques/régulateurs liés au langage, et (3) des mesures de métacognition, de culpabilité et de risque de psychose. Des travaux développementaux longitudinaux et des analyses polygéniques peuvent, en principe, sonder ce triangle.
Sources#
- Hauser, M. D., Chomsky, N., & Fitch, W. T. “The faculty of language: What is it, who has it, and how did it evolve?” Science 298 (2002) : 1569–1579.
- Zhang, J. “Accelerated protein evolution and origins of human-specific features.” Molecular Biology and Evolution 19 (2002) : 1460–1463. (analyse de FOXP2)
- Fisher, S. E. “Human genetics: The evolving story of FOXP2.” Current Biology 29 (2019) : R65–R67.
- Caporale, A. L. et al. “Transcriptional enhancers in the FOXP2 locus underwent accelerated evolution in the human lineage.” Molecular Biology and Evolution 36 (2019) : 2432–2443.
- Schreiweis, C. et al. “Humanized Foxp2 accelerates learning by enhancing transitions from declarative to procedural performance.” PNAS 111 (2014) : 14253–14258.
- Casten, L. G. et al. “Rapidly evolved genomic regions shape individual language abilities in present-day humans.” bioRxiv / à paraître (2025).
- Castro Martínez, X. H. et al. “FOXP2 and language alterations in psychiatric pathology.” Salud Mental 42 (2019) : 255–263.
- Vygotsky, L. S. Thought and Language. MIT Press (éd. anglaise 1986). Voir les synthèses dans McLeod (2024) et Jones (2009).
- Alderson-Day, B. & Fernyhough, C. “Inner speech: Development, cognitive functions, phenomenology, and neurobiology.” Psychological Bulletin 141 (2015) : 931–965.
- Wikipedia contributors. “Private speech.” (consulté en 2025). Résumé des travaux vygotskiens et ultérieurs sur le langage privé.
- Jackendoff, R. “The nature of the language faculty and its implications for the evolution of language.” Cognition 97 (2005) : 211–225.