TL;DR
- Des mythes de déluge avec des survivants héroïques apparaissent dans des cultures du monde entier, de l’Utnapishtim mésopotamien au Nu’u hawaïen en passant par Waynaboozhoo chez les Ojibwés.
- Ces récits comportent typiquement un avertissement divin, la construction d’une arche, la préservation des animaux et la repopulation du monde par des survivants vertueux.
- Les variations régionales incluent les « éclatements de lacs » celtiques, les hivers maléfiques iraniens, les calebasses-bateaux d’Asie du Sud-Est et les héros polynésiens chevauchant des baleines.
- Leur distribution mondiale suggère soit des origines communes, soit une diffusion culturelle, soit des archétypes psychologiques universels portant sur la destruction et le renouveau.
- De nombreuses traditions mettent en scène des paires de frères et sœurs, des animaux divins comme auxiliaires et des alliances arc-en-ciel marquant la fin du déluge.
FAQ#
Q1. Trouve-t-on des mythes de déluge dans chaque culture ?
R. Pas littéralement dans chaque culture, mais ils sont remarquablement répandus à travers les continents et les populations isolées, ce qui suggère soit une très grande antiquité, soit des préoccupations humaines universelles concernant un renouvellement catastrophique.
Q2. Quels sont les éléments communs des mythes de déluge ?
R. Les schémas typiques incluent le mécontentement divin envers l’humanité, un avertissement préalable adressé à un individu vertueux, la construction d’une arche/d’un bateau, le sauvetage des animaux, l’échouage sur une montagne et la repopulation du monde par les survivants.
Q3. Ces mythes conservent-ils la mémoire d’événements géologiques réels ?
R. Certains chercheurs les relient aux événements de submersion post-glaciaire survenus il y a environ 10 000 à 8 000 ans, lorsque la fonte des glaciers provoqua des hausses spectaculaires du niveau de la mer et l’inondation des zones côtières.
Q4. Pourquoi les héros du déluge vont-ils souvent par paires ?
R. Les paires frère-sœur ou mari-femme fournissent la population minimale viable pour la repopulation du monde tout en répondant aux préoccupations culturelles concernant l’inceste et la diversité génétique dans les récits d’origine.
Grands héros du Déluge dans la mythologie mondiale#
| Culture | Nom(s) du héros | Récit du déluge (résumé) |
|---|---|---|
| Mésopotamie (sumérien/babylonien) | Ziusudra / Atrahasis / Utnapishtim (également appelé Xisuthros dans les sources hellénistiques) | Les dieux décident de détruire l’humanité par un déluge. Une divinité bienveillante (Enki/Ea) avertit secrètement le héros vertueux de construire un grand bateau. Le héros (connu sous le nom de Ziusudra en sumérien, Atrahasis ou Utnapishtim en akkadien) construit une arche et y embarque sa famille et des animaux. Il survit au déluge qui anéantit le reste de l’humanité et est finalement béni par les dieux (dans L’Épopée de Gilgamesh, Utnapishtim et sa femme reçoivent l’immortalité). |
| Hébreu (biblique) | Noé (appelé Nūḥ dans le Coran) | Le Dieu d’Israël, voyant la méchanceté des hommes, décide d’inonder la terre. Dieu ordonne à Noé de construire une arche et d’y prendre sa famille et des couples de chaque espèce animale. Noé obéit et endure 40 jours et 40 nuits de pluie. Toute vie en dehors de l’arche périt. Lorsque les eaux se retirent, l’arche se pose sur une montagne, et la famille de Noé repeuple le monde. Dieu établit une alliance, dont l’arc-en-ciel est le signe, promettant de ne plus jamais détruire la terre par un déluge. |
| Maasaï (Afrique de l’Est) | Tumbainot | Dans la légende maasaï (probablement influencée par les enseignements missionnaires), Ngai (Dieu) décide de détruire l’humanité pour ses péchés, n’épargnant qu’un homme juste, Tumbainot. Dieu ordonne à Tumbainot de construire une arche en bois et d’y entrer avec ses deux femmes, ses six fils et leurs femmes, ainsi qu’avec des représentants de chaque espèce animale. Une grande pluie tombe et inonde le monde. Tumbainot envoie une colombe chercher la terre ; elle revient épuisée (sans lieu où se poser). Plus tard, il envoie un vautour avec une petite flèche attachée à sa queue — lorsque le vautour ne revient pas, Tumbainot sait que les eaux ont baissé (l’oiseau a trouvé de la charogne). L’arche finit par se poser sur la terre ferme, et Tumbainot voit quatre arcs-en-ciel, un dans chaque quadrant du ciel, signifiant que la colère de Dieu a pris fin. |
| Grec (hellénique) | Deucalion et Pyrrha | Zeus, irrité par l’impiété des humains de l’Âge de bronze, envoie un déluge catastrophique. Prométhée avertit son fils humain, Deucalion, de construire un grand coffre en bois. Deucalion et sa femme Pyrrha survivent à neuf jours de déluge à l’intérieur de cette arche. Lorsque les eaux se retirent, leur embarcation atterrit sur le mont Parnasse. Le couple repeuple ensuite le monde en jetant derrière eux les « os » de la Terre-Mère – des pierres qui se transforment miraculeusement en nouveaux hommes et femmes. |
| Hindou (Inde) | Manu (également appelé Vaivasvata Manu ou Satyavrata) | Le dieu préservateur Vishnu, sous la forme d’un poisson géant (avatar Matsya), avertit Manu (progéniteur de l’humanité) qu’un grand déluge approche. Manu construit un immense bateau et y embarque sa famille et les sept rishis (sages), ainsi que des graines de tous les êtres vivants. Matsya, le grand poisson, guide l’arche à travers les eaux torrentielles jusqu’à ce qu’elle s’échoue au sommet d’une montagne. Après le déluge, Manu accomplit des sacrifices et recommence l’humanité sur terre. (Dans certaines versions, l’homme averti était Yama (le frère de Manu) dans des récits plus anciens, mais le rôle fut ensuite attribué à Manu.) |
| Chinois | Nüwa (Nü Gua) – et son frère Fuxi | Dans un mythe chinois, un déluge cataclysmique éradiqua presque toute vie, n’épargnant que la déesse Nüwa et son frère Fuxi. Les deux frères et sœurs survécurent en s’échappant sur un bateau. Après le retrait des eaux, Nüwa et Fuxi reçurent un signe divin leur permettant de se marier ; ils devinrent mari et femme et, ensemble, repeuplèrent le monde. (Dans d’autres légendes, le grand déluge fut provoqué lorsque le dieu des eaux Gonggong renversa le pilier soutenant le ciel. Nüwa sauva le monde en faisant fondre des pierres de cinq couleurs pour rapiécer le ciel et en utilisant les pattes d’une tortue géante pour remplacer les piliers brisés – arrêtant le déluge et restaurant l’ordre.) |
| Nordique (germanique) | Bergelmir | Dans le récit de la création nordique, le géant primordial Ymir est tué par Odin et ses frères, et tant de sang jaillit du corps d’Ymir qu’il provoque un déluge mondial. Presque tous les géants du givre se noient, à l’exception de Bergelmir (petit-fils d’Ymir) et de sa femme. Le couple survit en grimpant sur une grande caisse en bois (souvent assimilée à un radeau ou une arche) et flotte en sécurité jusqu’à ce que le déluge de sang se calme. Bergelmir et sa femme deviennent alors les ancêtres d’une nouvelle race de géants au Jötunheim. |
| Hawaïen (polynésien) | Nu’u | Dans une légende hawaïenne, les dieux envoient un grand déluge pour détruire l’humanité. Nu’u, un homme juste, construit une grande pirogue avec une structure de maison dessus. Nu’u, sa femme et leur famille, ainsi que divers animaux, survivent au déluge dans cette arche. Lorsque le déluge prend fin, l’embarcation de Nu’u vient se poser sur le Mauna Kea. Nu’u offre par erreur un sacrifice à la lune, pensant qu’elle l’a sauvé, mais le dieu suprême (Kāne) descend sur un arc-en-ciel pour corriger l’erreur de Nu’u et accepter l’offrande, laissant l’arc-en-ciel comme signe de pardon. |
| Māori (Polynésie) | Rua-tapu (et des survivants tels que Paikea) | Dans la tradition māorie, Rua-tapu (un fils du chef Uenuku) cherche à se venger après avoir été insulté comme étant de basse naissance. Il attire de nombreux jeunes nobles sur une pirogue et la fait couler, les noyant. Un survivant, son frère Paikea, s’échappe en chevauchant une baleine. Après cela, Rua-tapu récite de puissantes incantations qui font monter la mer en un déluge massif (appelé Te Tai a Ruatapu – « Le Déluge de Rua-tapu »). Les eaux recouvrent la terre, et tout le monde aurait péri, mais certains survivent en atteignant la plus haute montagne (le mont Hikurangi). Dans une version, la sœur de Rua-tapu, Hine-makura, boit les eaux du déluge, sauvant le reste du peuple. |
| Māori (Polynésie) | Tāwhaki | Dans une autre saga polynésienne, le demi-dieu Tāwhaki cherche à se venger d’une tribu infidèle. Tāwhaki grimpe jusqu’au monde céleste et implore les dieux de l’aider. En réponse, les dieux envoient un terrible déluge qui noie tous les habitants de la terre, à l’exception de Tāwhaki et de son compagnon choisi, qui survivent en se tenant sur une haute montagne. Tāwhaki lui-même doit s’agripper à une liane céleste pour ne pas être emporté. Après le déluge, lui et l’autre survivant redescendent et renouvellent la population humaine. |
| Aztèque (Nahua, mésoaméricain) | Coxcox (également appelé Tata ; épouse Nena – parfois nommée Xochiquetzal) | Les dieux du panthéon aztèque envoient un déluge (durant l’ère Quatre Eau) pour détruire le monde. Mais un homme pieux, nommé tantôt Coxcox tantôt Tata, est averti (par le dieu Tezcatlipoca dans certains récits) et creuse un grand cyprès pour en faire un bateau. Coxcox et sa femme (appelée Nene ou parfois du nom de la déesse Xochiquetzal) survivent au déluge en flottant dans cette embarcation. Leur bateau vient se poser sur une montagne appelée Colhuacán après le retrait des eaux. Le couple a de nombreux enfants, mais tous naissent muets ; une colombe accorde alors à chaque enfant la capacité de parler – cependant, chacun parle une langue différente, ce qui explique l’origine de la diversité des langues dans le monde. |
| Inca (Andes, Amérique du Sud) | (Deux survivants anonymes) (un homme et une femme sauvés par Viracocha) | Dans la mythologie inca, le dieu créateur Viracocha se montre mécontent des premiers humains (parfois décrits comme des géants) et décide de les anéantir par un grand déluge, connu sous le nom de Unu Pachakuti (« eau qui renverse le temps »). Viracocha permet à deux personnes – un homme et une femme – de survivre en se réfugiant soit sur un sommet de haute montagne, soit dans une grotte scellée. Ces deux-là repeuplent la terre après le déluge. Dans certaines versions, ils flottent dans une caisse en bois et accostent au lac Titicaca. Après le déluge, Viracocha crée de nouveaux humains, plus petits, pour inaugurer l’ère suivante du monde. |
| Muisca (Colombie) | Bochica | Le peuple autochtone muisca raconte un déluge à portée morale : les humains étant devenus corrompus, la déesse lunaire Chía déchaîne une inondation dévastatrice. Le dieu-héros Bochica, un vieil homme barbu, vient à la rescousse en chevauchant un arc-en-ciel. De son bâton d’or, Bochica frappe les rochers aux chutes de Tequendama, les fendant et permettant aux eaux du déluge de s’écouler dans la gorge. Après avoir sauvé les survivants, Bochica punit Chía en la reléguant dans le ciel nocturne (comme la lune) et enseigne au peuple des lois justes pour guider leur vie. |
| Anishinaabe (Ojibwé, algonquien) | Waynaboozhoo (également connu sous le nom de Nanabozho ou Nenebuc) | Le Créateur, mécontent de voir les hommes oublier leurs valeurs, envoie un grand déluge pour purifier la terre. Le seul humain à survivre est le héros culturel Waynaboozhoo (Nanabozho), qui affronte le déluge sur un tronc ou un radeau en compagnie de divers animaux et oiseaux. Comme les eaux refusent de se retirer complètement, Waynaboozhoo demande aux animaux de plonger pour rapporter de la terre depuis le fond du déluge. Beaucoup échouent jusqu’à ce qu’un petit rat musqué (dans certains récits, un canard ou une foulque) réussisse, refaisant surface avec un peu de boue serrée dans ses pattes. Waynaboozhoo étale cette boue sacrée sur le dos d’une grande tortue et, avec la puissance du Créateur, la fait croître jusqu’à former une nouvelle étendue de terre. Cette Île de la Tortue nouvellement formée devient le monde restauré sur lequel l’humanité et toutes les créatures poursuivent leur existence. |
Traditions supplémentaires de héros du Déluge#
| Culture / Région | Figure(s) héroïque(s) & noms variants | Épisode de déluge (condensé) |
|---|---|---|
| Gallois (brittonique) | Dwyfan & Dwyfach (orthographiés Dwyvan/Dwyvach) ; leur arche Nefyd Naf Neifion | Le lac Llyn Llion éclate lorsque le monstre-lacustre Afanc se libère en se débattant ; un bateau sans mât portant le couple et des animaux par paires est le seul à survivre et aborde en Prydain, d’où la Bretagne est repeuplée. ([Wikipedia][1], [curioustaxonomy.net][2]) |
| Irlandais (gaélique) | Fintan mac Bóchra (également Finntan ; parallèle de Tuan mac Cairill) | Lorsque le déluge biblique atteint l’Irlande, Fintan se métamorphose en saumon, puis en aigle, puis en faucon, se cachant dans une grotte pendant un an ; il vit encore 5 ½ millénaires comme sage auprès des rois ultérieurs. ([Wikipedia][3]) |
| Iranien (zoroastrien) | Yima / Jamshid | Ahura Mazda avertit d’un « hiver maléfique » annihilateur (relecture iranienne d’un déluge plus ancien). Yima construit une vaste Vara souterraine remplie des meilleurs hommes, bêtes et semences ; ils en sortent pour repeupler la terre purifiée. ([Wikipedia][4]) |
| Corée (conte oral) | Namu Doryeong « Célibataire-Arbre » / Mokdoryeong | Fils d’un arbre-monde et d’une fée céleste. Son père-arbre s’abat sous un déluge cosmique ; le garçon chevauche le tronc flottant, sauve des animaux et un compagnon, puis fonde la nouvelle race humaine après la décrue. ([Wikipedia][5]) |
| Temuan (péninsule malaise) | Mamak Bungsuk & Inak Bungsuk | Dieu envoie un déluge punitif, un celau. Le couple grimpe dans un arbre d’aigle-bois sur le Gunung Raja et échappe seul au désastre ; tous les Temuan actuels se disent issus d’eux. ([Wikipedia][6]) |
| Ifugao (Luzon, Philippines) | Wigan & Bugan | En creusant pour retrouver l’âme d’une rivière perdue, ils irritent les divinités des eaux ; le déluge monte pendant six mois. Le frère et la sœur atteignent les sommets des monts Amuyao et Kalawitan, se marient ensuite sur ordre divin et restaurent l’humanité. ([THE ASWANG PROJECT][7]) |
| Igorot / Bontoc (Luzon) | Fatanga & Fukan (sauvés par le héros culturel Lumawig) | Les fils espiègles de Lumawig déclenchent un déluge ; seuls le frère et la sœur sur le mont Polis restent en vie. Lumawig apporte le feu, assèche le monde et ordonne aux deux de se marier et de peupler la terre. ([Multo (Ghost)][8]) |
| Miao / Hmong (S.-O. de la Chine & N. de l’Asie du Sud-Est) | Le frère cadet Ye Seo (nom variable) & sa sœur | Le seigneur du ciel prédit un déluge ; le frère aîné violent construit un bateau de fer (qui coule) ; Ye Seo utilise un tambour/bateau en bois et survit avec sa sœur et la biote. Après l’écoulement des eaux (dragon-arc-en-ciel), ils découpent leur enfant en forme d’œuf en morceaux qui deviennent tous les peuples. ([curioustaxonomy.net][9]) |
| Saisiyat (Taïwan) | Oppehnaboon & sa sœur | Un esprit aux cheveux blancs les avertit de la tempête ; les frère et sœur construisent un bateau, survivent, puis tranchent leur premier enfant, une masse de chair, en fragments — chacun devenant un nouveau clan humain. ([Wikipedia][10]) |
| Taï (Laos / N.-E. de la Thaïlande) | Pu Sangkasa & Ya Sangkasi (« Grand-père & Grand-mère ») | Le dieu suprême Phu Ruthua inonde un monde corrompu ; une gourde portée par une liane abrite le couple. Les divinités fendent ensuite la gourde et conduisent les survivants vers Mueang Thaen, leur enseignant la riziculture. ([Wikipedia][10]) |
| Mapuche (Chili) | Trentren Vilu (serpent de terre protecteur) et les survivants du déluge | Le serpent marin rival Caicai Vilu soulève les océans pour noyer l’humanité ; Trentren élève les gens sur des montagnes, qui deviennent des îles jusqu’à l’apaisement de Caicai. Les humains sauvés repeuplent le monde mapuche. ([Religion Wiki][11]) |
Ces entrées comblent les plus grands vides géographiques/ethnographiques — celtiques, iraniens, hauts plateaux d’Asie du Sud-Est, formosans et sud-andins — laissés par la première liste, démontrant la distribution véritablement mondiale des récits de héros du déluge.
Sources#
- Frazer, James George (1918). Folk-Lore in the Old Testament: Studies in Comparative Religion, Legend and Law. Macmillan. [Enquête globale sur les mythes de déluge]
- Dundes, Alan (1988). The Flood Myth. University of California Press. [Analyse comparative des légendes de déluge]
- Wensinck, A.J. (1918). « The Semitic New Year and the Origin of Eschatology. » Acta Orientalia 1 : 158-199. [Traditions de déluge du Proche-Orient ancien]
- Dixon, Roland B. (1916). « The Mythology of All Races: Oceanic. » Marshall Jones Company. [Mythes de déluge polynésiens]
- Bierhorst, John (1985). The Mythology of North America. William Morrow. [Récits de déluge amérindiens]
- Leeming, David & Margaret Leeming (1994). A Dictionary of Creation Myths. Oxford University Press. [Récits de déluge transculturels]
- Dalley, Stephanie (2000). Myths from Mesopotamia. Oxford University Press. [Utnapishtim et traditions apparentées]
- Barton, George A. (1918). « Tiamat. » Journal of the American Oriental Society 15 : 1-27. [Mythologies anciennes du déluge]