TL;DR

  • Les serpents entrent très tôt dans la cour des grands artistiques en Anatolie (c. 11 k), en Australie (8 k) et au Sahara vert (7 k).
  • Ils mettent un peu plus de temps à tenir le haut de l’affiche en Europe (après 6 k) mais apparaissent dans les Amériques presque dès qu’il y a de l’art datable (12 k).
  • Le schéma reflète des mutations de l’eau, de l’occupation et de l’économie rituelle plutôt que du régime alimentaire ou d’un simple indice de danger.

Aide‑mémoire mondial du « décollage du serpent »#

(toutes les dates en uncal BP ≈ années avant 2025 ; ± = débattu)

Continentpremier essor net de l’imagerie serpentiformeSites / objets pharesPourquoi c’est important
Afrique70 k ? Tsodilo Hills, Botswana (roche en forme de python, pointes de sagaies rituelles) – très contesté ; vague incontestée 9-5 k au Sahara centralRhino/Python Cave ; scènes de serpents cornus à In Itinen & Uan Telocat (Tassili & Acacus)Plus ancien possible culte du serpent ; les cultes sahariens holocènes du « dragon » se diffusent avec les pasteurs (Apollon, ROUND HEAD CATALOGUE)
Australie / Océanie8 – 6 k à Arnhem LandPremières peintures du Serpent arc‑en‑ciel (« style Yam ») ; paires de serpents jumeaux chez les KawelkaL’art explose juste après le saut du niveau marin post‑glaciaire ; des études phylogénétiques montrent que le motif rayonne à travers l’Australie après 6 k (Aboriginal Art Australia)
Asie occidentale (Anatolie/Levant)11,6 – 10 k (PPN A-B)Piliers de Göbekli Tepe couverts de serpents ondulants ; plaquettes en os de Körtik TepeLes serpents dominent déjà dans les premiers temples de pierre du monde – bien avant l’agriculture proprement dite (Academia)
Asie orientale8 k–5 kDragon en argile empilé de Chahai (~8 k) ; jade « cochon‑dragon » Hongshan (4,7-3 k)Marque la naissance du totem du long (dragon) ; corps de serpent + tête composite devient un emblème pan‑chinois (China Daily Subsites, World History Encyclopedia)
EuropeDispersé jusqu’à 7 k ; vraie montée 6 – 4 kPétroglyphes de Carélie/Mer Blanche (manipulateurs de serpents) ; bâton‑serpent en bois de Järvensuo, 4,4 k ans (Finlande) ; serpents en spirale Cucuteni sur poterie (5 k AEC)Corrélé à la diffusion des « packages » symboliques néolithiques vers le nord & l’est ; pas de boom serpentiforme paléolithique ici (Cambridge University Press & Assessment, The History Blog, ResearchGate)
Amériques12 – 11 k peintures rupestres Amazonie/Orénoque (anacondas) ; géoglyphes locauxMurs de la « chapelle Sixtine » de la Serranía de La Lindosa ; gravures de 40 m sur l’Orénoque (2 k) ; plus tard le Serpent Mound de l’Ohio, etc.Les serpents apparaissent avec les premiers arts datés du continent, puis deviennent des marqueurs mythiques omniprésents (Popular Mechanics, IFLScience)

Lire le schéma (ultra‑compressé)#

  • Pas le dîner. Le renne, dans l’Europe magdalénienne, était consommé tous les jours mais à peine peint ; le même décalage apparaît ailleurs.
  • Coup de fouet climatique holocène ≈ hype du serpent. En Australie, en Afrique et en Amazonie, la première « ruée vers l’or » serpentiforme suit les inondations post‑glaciaires ou la phase du Sahara vert – les tropes du serpent d’eau, du serpent de pluie, du gardien de rivière suivent les nouvelles zones humides.
  • Culte vs. recensement. Là où les serpents dominent (Göbekli, tombes Hongshan, gravures amazoniennes), les sites sont rituels, territoriaux ou funéraires, pas des sols d’habitat.
  • Pipeline mythique out‑of‑Africa ? Les travaux phylomémiques de Le Quellec & d’Huy soutiennent qu’un unique « complexe dragon » pléistocène quitte l’Afrique avec Homo sapiens, puis flambe localement quand l’écologie ou l’idéologie réclame un maître des eaux ou un gardien chthonien. Afrique → Anatolie → Eurasie → Béringie → Amériques, telle est la longue route du serpent.

Bémols qui empêchent les archéologues de dormir#

  1. Le python de Tsodilo (70 k) repose sur une datation indirecte et un rocher qui ne fait que ressembler à un serpent — séduisant mais pas recevable « en cour ». (Wikipedia)
  2. La « proéminence » est subjective. La plupart des corpus sont petits ; une seule gravure géante peut fausser les statistiques.
  3. Dater l’art rupestre = cauchemar. Beaucoup de figures 6-8 k BP pourraient bouger d’un millénaire dans un sens ou dans l’autre quand de meilleures méthodes arriveront.

FAQ#

Q1. Pourquoi les motifs serpentiformes connaissent‑ils un essor à des moments différents sur chaque continent ?
R. Les changements climatiques ont créé de nouvelles zones humides ou des économies rituelles qui favorisaient le symbolisme serpent‑eau ; des régions comme l’Anatolie ou le Sahara ont connu des déclencheurs environnementaux plus tôt que, par exemple, l’Europe néolithique.

Q2. L’absence d’art serpentiforme ancien en Europe signifie‑t‑elle que les serpents y étaient sans importance ?
R. Pas nécessairement — la rareté peut refléter un biais de recherche ou des problèmes de conservation ; les artefacts en bois et en fibres périssent, et beaucoup d’abris rocheux européens n’ont pas été scannés pour détecter des traces de pigments.

Q3. Quelle est la fiabilité des dates proposées ?
R. Les dates d’art rupestre comportent une incertitude de ±500–1000 ans ; néanmoins, le recoupement de la stratigraphie, du radiocarbone et des parallèles stylistiques fournit encore des chronologies relatives utiles.


Les serpents entrent dans la cour des grands artistiques tôt en Anatolie (c. 11 k), en Australie (8 k) et au Sahara vert (7 k) ; ils mettent un peu plus de temps à tenir le haut de l’affiche en Europe (après 6 k) mais apparaissent dans les Amériques presque dès qu’il y a de l’art datable (12 k). Le schéma reflète des mutations de l’eau, de l’occupation et de l’économie rituelle plutôt que du régime alimentaire ou d’un simple indice de danger.


Sources#

Les références principales sont incluses dans le texte via des liens numérotés 112. Les synthèses clés utilisées comprennent :

  1. Le Quellec, Jean-Loïc, et Julien d’Huy. « The phylogeny of snake/dragon myths. » Rock Art Research 2022.
  2. d’Huy, Julien. « Tracing origin and diffusion of myths using computational phylogenetics. » Myth Journal 2021.
  3. Manniche, Linda. Ancient Egyptian Representations of Snakes. Oxford UP, 2015.