TL;DR

  • Dans toutes les régions, le rhombe est de manière constante une voix de la Loi/de l’agentivité ancestrale — Daramulan/Baiame dans le Sud‑Est, les Ancêtres chez les Arrernte, la Mère/Serpent Arc‑en‑ciel dans le Nord (Top End/Arnhem) — utilisé pour autoriser l’initiation, la mort/renaissance et l’ordre social Howitt 1904, Spencer & Gillen 1904, Stanner 1966/2009, Roth 1909.
  • Variation régionale : les noms, les interlocuteurs mythiques et les calendriers rituels diffèrent (par ex. turndun chez les Kulin/Kurnai ; ensembles de churinga chez les Arrernte ; dunggul « serpent/rhombe » au Cap York), mais les tabous et le secret genré convergent.
  • Le son fonctionne comme une théophanie symbolique (voix de tonnerre/vent/serpent) et un métronome mémétique pour les transitions saisonnières et de stade de vie ; ceux‑ci se superposent clairement aux constructions de l’Eve Theory of Consciousness (EToC) concernant la voix externalisée, la mort/renaissance rituelle et la garde genrée de la Loi (Vectors of Mind ; Snake Cult of Consciousness).
  • Les sanctions en cas de transgression (femmes/enfants entendant ou voyant) sont sévères dans de nombreux témoignages (souvent la mort), ce qui souligne son rôle de marqueur acoustique de frontière de la juridiction sacrée Howitt 1904, Spencer & Gillen 1904.
  • Malgré les distorsions coloniales, les ethnographies primaires et les synthèses théologiques du Top End s’accordent pour dire que le rhombe fait entendre la charte cosmologique et réalise une maintenance cosmique — pluie, fertilité, renouveau.

« Quand vient le moment où les jeunes hommes doivent être oints avec le sang affinal, des hommes cachés font tournoyer des rhombes, dont le bruit est dit être la voix de la Mère… Cela… produit chez les novices un état de terreur. »
— W.E.H. Stanner, On Aboriginal Religion (1966/2009, p. xxxv), University of Sydney Press. https://open.sydneyuniversitypress.com.au/files/9781743323885.pdf


Portée, méthode et thèse#

Il s’agit d’une enquête comparative, fondée sur des sources primaires concernant le rhombe à travers l’Australie aborigène, organisée par région et bloc culturel. Les sources dorsales sont les ethnographies classiques (Howitt ; Spencer & Gillen ; Roth ; Stanner), complétées par des analyses du Top End et des synthèses rédigées ou validées par des Autochtones lorsque disponibles publiquement. Je renvoie à des scans stables (Internet Archive, PDF d’éditeur) et conserve de longues citations en bloc avec références précises auteur–année–page. Lorsque le savoir est restreint, je le signale explicitement.

Thèse : À travers les régions, le rhombe fonctionne comme un avatar acoustique de la Loi — une voix technologique qui met en acte la mort/renaissance de l’initiation, police le secret genré, médiatise le temps et la fertilité, et horodate l’ordre saisonnier. En termes de Eve Theory of Consciousness (EToC), c’est un dispositif rituel qui externalise la Voix autoritative à partir de laquelle l’auto‑accordage récursif et la conscience sociale se mettent en place ; son son est un gardien mémétique du temps et un signal de frontière séparant le domestique profane de la juridiction sacrée masculine (Vectors of Mind ; https://www.vectorsofmind.com/p/the-snake-cult-of-consciousness).


Passages primaires étendus#

« Il doit garder le silence… et ne doit pas dire aux femmes ce qu’il a vu… s’il parlait du Kuringal, ou du turndun, ou de ce qui a été fait, il serait tué. »
— A.W. Howitt, « The Kuringal », dans The Native Tribes of South‑East Australia (1904), p. 651. https://archive.org/details/nativecustomsinb00howiuoft/page/651/mode/1up

« Le rhombe… appelé dunggul, terme signifiant aussi serpent… est fait tournoyer… censé empêcher que la morsure ait un effet fatal. Ce rhombe est maintenant donné au novice, qui a alors le pouvoir non seulement de tuer des serpents mais même des gens par son entremise. »
— W.E. Roth, « North Queensland Ethnography, No. 5 », Records of the Australian Museum (1909), pp. 9–10 dans la pagination du PDF. https://archive.org/download/biostor-52866/biostor-52866.pdf

« Quand vient le moment… des hommes cachés font tournoyer des rhombes, dont le bruit est dit être la voix de la Mère… [puis] le secret des rhombes [est révélé]… Les jeunes hommes sont… peints… avec le signe du rhombe. »
— W.E.H. Stanner, On Aboriginal Religion (1966/2009), pp. xxxv, 118–121. https://open.sydneyuniversitypress.com.au/files/9781743323885.pdf

« Churinga or Bull-roarers » (Arrernte/Aranda & voisins) : le secret, l’exclusion des femmes, les punitions en cas de transgression et les usages cérémoniels sont détaillés avec exemples.
— Baldwin Spencer & F.J. Gillen, The Northern Tribes of Central Australia (1904), ch. V (avec repères de page dans cette transcription ouverte). https://www.sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm


Enquête régionale (carte textuelle)

Kimberley (Ngarinyin/Wunambal/Gwini, Worrorra ; sphère Wandjina)#

  • Terme(s) local(aux) : La documentation primaire publique nommant spécifiquement un terme local pour le rhombe est rare dans les sources ouvertes ; lorsque des termes existent, ils sont fréquemment restreints.
  • Association mythique : Les êtres de pluie Wandjina et les êtres serpent associés (Woongudd) dominent la théologie régionale ; l’art rupestre atteste une puissance de pluie/tonnerre, mais les liens spécifiques avec le rhombe sont rarement publiés dans les textes primaires accessibles en ligne.
  • Contextes rituels : Initiation masculine ; rites liés à la pluie dans la théologie plus large.
  • Remarque : Stanner signale des affinités entre l’art rupestre de Daly et les figures Wandjina lorsqu’il discute des complexes cultuels du rhombe au sud‑ouest, mais il ne publie pas de rite du rhombe spécifique au Kimberley ; considérer les spécificités du rhombe au Kimberley comme sous‑documentées dans les sources primaires du domaine public (Stanner 1966/2009, pp. 118–121).

Désert de l’Ouest (Pitjantjatjara/Yankunytjatjara/Ngalia/etc.)#

  • Terme(s) local(aux) : Souvent restreints ; la littérature primaire ouverte utilise l’anglais bullroarer ou fait l’analogie avec des planchettes sacrées de type churinga dans des contextes adjacents à l’initiation et aux rites d’« increase ».
  • Contextes : Initiation masculine, affaires d’hommes ; probablement utilisé comme frontière acoustique et voix ancestrale comme ailleurs.
  • Remarque : Les monographies classiques sur le désert se concentrent davantage sur les systèmes de sous‑sections, les pistes de rêve (dreaming tracks), les yawulyu féminins, etc. ; les acoustiques de l’initiation ne sont généralement pas détaillées de manière ouverte. Faire preuve de prudence ; ne pas inférer de spécificités sans permission locale.

Désert central (Arrernte/Aranda ; aussi voisins Anmatyerr, Warlpiri)#

  • Terme(s) local(aux) : Churinga (catégorie plus large de planchettes/objets sacrés), dont un sous‑ensemble est utilisé comme rhombes.
  • Association : Êtres ancestraux ; le complexe des churinga médie la vitalité totémique, l’autorité des cultes masculins.
  • Contextes : Initiation (y compris des formes de circoncision/subincision chez certains groupes), convocation des hommes, exclusion des femmes/enfants ; parfois dans des cérémonies d’increase.
  • Tabous/sanctions : Femmes voyant/entendant : mort ou sanction sévère ; hommes tenus à un strict secret Spencer & Gillen 1904, ch. V.

Arnhem Land / Top End (Yolngu, Dalabon, environs Nangiomeri/Murinbata)#

  • Terme(s) local(aux) : Spécifiques à chaque groupe et souvent restreints.
  • Association : Complexes de la Mère/Vieille Femme et du Serpent Arc‑en‑ciel (Yurlunggur/Julunggul) ; cycle des Sœurs Wawilak ; cadres cultuels Kunapipi/Gunabibi.
  • Contextes : Complexes d’initiation où le rhombe est explicitement la « voix de la Mère », séquences de révélation, contextes mortuaires dans certaines zones (selon les ethnographies classiques) ; la terreur et la crainte ritualisées calibrent les novices Stanner 1966/2009, pp. xxxv, 118–121.
  • Temps/fertilité : Dans la théologie du Top End, le Serpent Arc‑en‑ciel est lié à la pluie, aux crues et à la puissance reproductive ; le son du rhombe est associé à ce registre théophanique (voir aussi Warner 1937 ; Berndt 1951, bien que l’accès en texte intégral OA soit limité).

Péninsule du Cap York#

  • Terme(s) local(aux) : dunggul = rhombe et « serpent » chez certains groupes (par ex. Koko‑Yimidir/districts Bloomfield–McIvor).
  • Association : Puissance du serpent ; agentivité protectrice et destructrice.
  • Contextes : Séquences d’initiation ; épisodes de guérison/protection (par ex. neutralisation mise en scène d’une morsure de serpent) culminant dans le don du dunggul au novice, conférant une puissance létale/protectrice Roth 1909, pp. 9–10.
  • Saisonnalité : Souvent des rassemblements après la saison des pluies (les notes de terrain de Roth précisent après la saison humide, bien que sans date fixe).

Gulf Country (au sud d’Arnhem ; par ex. arrière‑pays Daly/Port Keats)#

  • Terme(s) local(aux) : Les noms d’objets sont fréquemment restreints dans les publications ; les noms de cultes sont publiés : Punj, Djaban, Manggawila (styles d’initiation).
  • Association : La Mère/Vieille Femme, motifs de Serpent Arc‑en‑ciel ; le rite du rhombe est considéré par les anciens comme supérieur à la circoncision à certaines périodes.
  • Contextes : Initiations centrées sur le rhombe imbriquées dans les histoires de diffusion régionales ; insignes du rhombe peints sur les jeunes hommes après leur retour Stanner 1966/2009, pp. 118–123, 181–183, 222–223.
  • Saisonnalité : Accent sur la saison sèche dans les reconstructions des cycles antérieurs Tjimburki vs les cycles ultérieurs Punj (Stanner).

Sud‑Est (confédération Kulin, Wiradjuri, Yuin/Kurnai)#

  • Terme(s) local(aux) : turndun / tundun (très répandu dans les archives du Sud‑Est).
  • Association : Daramulan/Daramulan (et Baiame dans certaines régions) ; le son est sa voix ; les instruments peuvent être liés à des arbres contenant son esprit (traditions du Sud‑Est).
  • Contextes : Kuringal (côte sud de la NSW) et Jeraeil (Gippsland), initiation ; secret masculin, exclusion des femmes ; résistance ritualisée des femmes lors de la capture des garçons dans certains récits.
  • Sanctions : Mort pour les femmes qui voient ; silence imposé aux initiés Howitt 1904, pp. 608–651.

Sud‑Ouest (Noongar)#

  • Terme(s) & spécificités : Peu abondants dans la littérature primaire ouverte ; de nombreux domaines sont restreints. Bien que des traditions d’initiation soient connues, la documentation publique d’un terme nommé pour le rhombe et d’un usage détaillé est limitée. Traiter les affirmations avec prudence sauf si elles sont étayées par des publications/permissions de la communauté locale.

Tableau de correspondance A — Fonctions & noms régionaux#

Tableau A. Correspondances régionales (attestations primaires publiques lorsque disponibles).

Culture/RégionTerme localAssociation mythiqueContexte(s) rituel(s)Restrictions de genre/âgeSon comme symboleUsage saisonnierMatériaux/formeSource primaire représentative (page)
Kulin/Kurnai (SE)turndun/tundunDaramulan/Baiame (voix)Kuringal, Jeraeil (initiation)Femmes/enfants exclus ; transgression = mort ; silence imposé aux initiésVoix de Daramulan ; marqueur de frontièreVariable ; grands rassemblements ; parfois après la récolteLame de bois sur corde ; parfois inciséeHowitt 1904, pp. 608–651 ; en part. p. 651 (silence/mort). https://archive.org/details/nativecustomsinb00howiuoft/page/651/mode/1up
Désert central (Arrernte/Aranda)churinga (sous‑ensemble utilisé comme rhombe)Êtres ancestraux ; vitalité totémiqueCérémonies masculines ; initiation ; convocationFemmes interdites ; sanctions sévères en cas de vision/écouteVoix des Ancêtres ; convocation ; analogies vent/tonnerreNon fixéPlanchettes allongées, incisées ; tournoyées sur cordeSpencer & Gillen 1904, ch. V « Churinga or Bull-roarers. » https://www.sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
Top End/Arnhem (par ex. sphère Yolngu ; Daly)(restreint)Mère/Vieille Femme ; Serpent Arc‑en‑ciel (Yurlunggur/Julunggul)Initiation (cycles Punj/Djaban), mortuaire dans certaines zonesStrict secret masculin ; révélation graduée aux novicesVoix de la Mère ; théophanie du serpent de pluieAccent saison sèche dans les reconstructionsSignes peints ; rhombes avec décor incisé/à houppesStanner 1966/2009, pp. xxxv, 118–123, 222–223. https://open.sydneyuniversitypress.com.au/files/9781743323885.pdf
Cap York (Bloomfield–McIvor)dunggul (« serpent/rhombe »)Puissance du serpentInitiation ; guérison mise en scène de morsure de serpent ; don au noviceFemmes exclues du terrain sacréVoix du serpent ; agentivité protectrice & létaleSouvent après la saison des pluies (rassemblements)« Petite variété » de rhombeRoth 1909, pp. 9–10. https://archive.org/download/biostor-52866/biostor-52866.pdf
Gulf Country (région Daly/Port Keats)(nom d’objet restreint ; cultes : Punj, Djaban)Mère/Vieille Femme ; cosmologie liée au serpentInitiation centrée sur le rhombe ; insignes peintsSecret masculin ; révélation structuréeVoix de la Loi ; calibration de la terreur/crainteCycles de saison sèche dans les reconstructionsRhombes peints en noir/rouge (selon la phase du rite)Stanner 1966/2009, pp. 118–123, 181–183, 218–223. https://open.sydneyuniversitypress.com.au/files/9781743323885.pdf
Kimberley (région Wandjina)(restreint/sous‑documenté publiquement)Puissance de pluie Wandjina ; êtres serpentInitiation masculine ; contexte plus large de production de pluieSecret masculinConnotations tonnerre/pluie (théologie régionale)Structuration par la moussonMédias rituels sculptés/peints abondants ; spécificités du rhombe peu publiéesVoir les remarques comparatives de Stanner (pp. 118–121) ; publications ultérieures restreintes/locales.
Sud‑Ouest (Noongar)(non attesté publiquement en détail primaire)Initiation connue ; spécificités du rhombe peu claires publiquement

Tableau de correspondance B — Acoustique rituelle, efficacité et EToC#

Tableau B. Épisodes rituels, action acoustique, efficacité revendiquée, justification narrative, correspondance EToC, sources.

Épisode rituelAction acoustique (schéma/lieu)Efficacité revendiquéeJustification narrative (mythe)Construction EToCSources
Initiation du SE (Kuringal/Jeraeil)Tournoyer le turndun hors de la vue des femmes ; novices en retraitAffirme la Loi ; impose le secret ; transforme les garçons en hommes ; ordre socialDaramulan/Baiame autorise les rites ; sa voix est entendue dans le grondementVoix externalisée de la Loi ; mort/renaissance via l’épreuve du secretHowitt 1904, pp. 608–651. https://archive.org/details/nativecustomsinb00howiuoft
Rites masculins arrernteChuringa‑rhombe tournoyé pour convoquer/écarter ; dans le camp des hommesContrôle de l’accès ; aligne la vitalité totémique ; sanctionneLes Ancêtres sont présents dans les churinga ; transgression = sanction létaleExternalisation de la Loi ; frontière mémétiqueSpencer & Gillen 1904, ch. V. https://www.sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
Initiation du Top End (Punj/Djaban)Rhombes cachés ; révélation soudaine ; insignes peintsInduit crainte/terreur → empreinte ; confère le statut ; maintenance cosmologiqueVoix de la Mère/Vieille Femme et du Serpent Arc‑en‑ciel dans le grondement ; onction de sangMort/renaissance rituelle ; auto‑accordage récursif via la crainteStanner 1966/2009, pp. xxxv, 118–123, 222–223. https://open.sydneyuniversitypress.com.au/files/9781743323885.pdf
Morsure de serpent mise en scène au Cap YorkPetit rhombe (dunggul) tournoyé autour du noviceNeutralise la morsure de serpent ; donne au novice une puissance de serpent/de mise à mortdunggul = serpent/rhombe ; le son comme force serpentineLoi incarnée comme agentivité ; efficacité → modèle de soiRoth 1909, pp. 9–10. https://archive.org/download/biostor-52866/biostor-52866.pdf
Motifs de pluie/théophanie (Top End)Grondement prolongé près des lieux d’eau, chemins de serpent (lieu variable)Production de pluie, vent, renouveau saisonnierPrésence auditive de Yurlunggur/Julunggul ; serpent & tempêteSon comme gardien mémétique du temps ; maintenance cosmiqueStanner 1966/2009 ; cf. Warner 1937 ; Berndt 1951 (accès OA variable).

Analyse : convergences et divergences#

Convergences.
(1) Voix de la Loi / Théophanie. Dans le Sud‑Est, le grondement est la voix de Daramulan ; dans le Nord, c’est celle de la Mère ou du Serpent Arc‑en‑ciel ; au centre, il fait entendre l’autorité Ancestrale. Êtres différents, même fonction : un agent acoustique non humain qui légitime les rites et police la juridiction Howitt 1904, Stanner 1966/2009, Spencer & Gillen 1904.
(2) Crainte/autorité de l’initiation. L’instrument est presque toujours caché avant une révélation mise en scène, produisant une crainte/terreur calibrée — une pédagogie du sacré (la description de Stanner est exemplaire).
(3) Secret genré. L’exclusion des femmes/enfants et les sanctions sévères se répètent ; les initiés sont tenus au silence (Howitt p. 651).
(4) Maintenance cosmologique. Le grondement est lié à la pluie, à la fertilité, à la protection (rhombe‑serpent de Roth), ou à l’ordre social via les rassemblements calendaires.

Divergences.
(1) Les principaux agents mythiques diffèrent (Daramulan vs Mère/Serpent vs Ancêtres).
(2) Le lexique est fortement local et fréquemment restreint ; les noms publics sont inégaux.
(3) Calendriers : dans le Nord moussonné, les rites s’alignent sur les dynamiques humide/sèche ; ailleurs, les rassemblements suivent l’abondance alimentaire et la diplomatie inter‑groupe.
(4) Portefeuilles rituels : dans certaines zones, le rhombe ancre des complexes d’initiation ; ailleurs, il participe à des épisodes d’increase ou de guérison/protection.


Cartographie avec l’Eve Theory of Consciousness (EToC)#

L’EToC propose que la métacognition récursive humaine a été mise en place par des voix externalisées — des structures publiques, mémétiques, qui enseignent au soi comment s’entendre comme objet. Le rhombe s’y ajuste avec une précision troublante :

  • Voix externalisée : Le grondement est littéralement la Voix — Daramulan, la Mère, Yurlunggur — en dehors de toute personne singulière, mais contraignante pour tous. Cela crée un miroir social dans lequel le novice entend la Loi comme Autre et apprend à l’intérioriser (Vectors of Mind).
  • Mort/renaissance rituelle : Retrait, terreur, sang et révélation acoustique réalisent la mort symbolique du soi‑enfant et la renaissance dans une identité régie par la loi (Stanner).
  • Garde genrée : Le secret et les sanctions régulent qui peut entendre la Voix, inscrivant des politiques du savoir qui stabilisent la transmission.
  • Son comme gardien mémétique du temps : Le grondement synchronise les corps dans le temps (calendriers saisonniers et de stades de vie), fonctionnant comme un métronome pour la mémoire collective et la maintenance cosmique (Snake Cult post).
  • Calibration de l’agentivité : L’épisode du dunggul montre un transfert d’efficacité — le son‑comme‑puissance de serpent donné aux novices — un modèle incarné d’intériorisation de l’agentivité (Roth 1909).

Glossaire (sélectif, public)#

  • turndun/tundun (SE) : Rhombe des sphères Kulin/Kurnai ; « voix » de Daramulan. Howitt 1904.
  • churinga (Centre) : Planchettes/objets sacrés ; certains sont utilisés comme rhombes. Spencer & Gillen 1904.
  • dunggul (Cap York) : Petit rhombe ; aussi « serpent ». Roth 1909.
  • Punj/Djaban/Manggawila (Top End) : Noms de styles/cultes d’initiation dans lesquels le rhombe est central. Stanner 1966/2009.
  • Yurlunggur/Julunggul (Top End) : Figure de Serpent Arc‑en‑ciel dont la voix/les vents peuvent être liés au son du rhombe dans certains complexes mythe‑rituel (Warner ; Berndt ; Stanner).

Note méthodologique : savoir restreint#

  • Protocoles. Cet article ne cite que des descriptions publiquement disponibles et des textes classiques. De nombreux noms, motifs et procédures sont secrets/sacrés ; ne pas inférer, reproduire ou exécuter.
  • Incertitudes. Lorsqu’un terme local ou un rite spécifique n’est pas attesté publiquement dans une source primaire, je le signale comme peu clair. Absence de publication ≠ absence de pratique.
  • Éthique. Suivre les recommandations éthiques de l’AIATSIS et les protocoles des communautés locales avant toute diffusion ou utilisation ultérieure : https://aiatsis.gov.au/research/ethical-research/guidelines-ethical-research-australian-indigenous-studies

Provenance & biais (encadré compact)#

  • Enquêteurs. SE : A.W. Howitt (1904), magistrat/ethnographe ; Centre : Spencer & Gillen (1899/1904), biologiste de musée + receveur des postes ; Top End : W.E.H. Stanner (années 1930–60), anthropologue ; Cap York : W.E. Roth (années 1890–1900), médecin de gouvernement/ethnographe.
  • Conditions. La plupart des récits sont ceux d’observateurs hommes décrivant des rites masculins sous pression coloniale ; les normes de secret et la rétention active d’information par les dépositaires impliquent des vues partielles.
  • Filtres interprétatifs. Les cadres évolutionnistes/diffusionnistes (anciens) et la phénoménologie catholique (plus tardive) colorent les analyses. Je privilégie la procédure citée plutôt que la méta‑théorie.
  • Voix autochtone. Lorsque des publications communautaires existent, elles ne sont souvent pas en libre accès ou sont soumises à protocole ; cette enquête signale des limites plutôt que de prétendre les combler.

FAQ#

Q1. Le rhombe est‑il « la même chose » sur tout le continent ?
R. Non. Les fonctions convergent (voix de la Loi ; initiation), mais les noms, agents mythiques, calendriers et sanctions varient régionalement ; de nombreuses spécificités sont restreintes et non publiées.

Q2. « Fait‑il la pluie » ?
R. Dans les systèmes du Top End liés au Serpent Arc‑en‑ciel, le grondement peut être intégré à une théophanie de la pluie/météo ; ailleurs, l’efficacité se concentre sur l’autorité d’initiation ; éviter les affirmations pan‑continentales.

Q3. churinga est‑il simplement un rhombe ?
R. Non. Churinga est une catégorie plus large de planchettes/objets sacrés ; certains sont utilisés comme rhombes dans des rites particuliers (Arrernte ; Spencer & Gillen 1904).

Q4. Les femmes peuvent‑elles l’utiliser/l’entendre ?
R. En général non dans les archives classiques ; l’écoute/la vision par les femmes entraîne souvent des sanctions sévères. Les communautés contemporaines ont leurs protocoles ; s’y conformer absolument.


Sources#

Primaires/Classiques (en libre accès lorsque indiqué)

  1. Howitt, A. W. The Native Tribes of South‑East Australia. Londres : Macmillan, 1904. Sections Kuringal/Jeraeil, en part. pp. 608–651 ; p. 651 sur le secret/les sanctions. https://archive.org/details/nativecustomsinb00howiuoft/page/608/mode/1up et https://archive.org/details/nativecustomsinb00howiuoft/page/651/mode/1up
  2. Spencer, Baldwin & Gillen, F.J. The Northern Tribes of Central Australia. Londres : Macmillan, 1904. « Churinga or Bull‑roarers » (chapitre V ; avec repères de page). https://www.sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
  3. Stanner, W.E.H. On Aboriginal Religion. Oceania Monograph (1966) ; rééd. Sydney University Press (2009). Voir pp. xxxv ; 118–123 ; 181–183 ; 218–223. https://open.sydneyuniversitypress.com.au/files/9781743323885.pdf
  1. Roth, W.E. « North Queensland Ethnography, No. 5 : The Native Initiation Rites. » Records of the Australian Museum 7 (1909) : 169–186. (Passages sur le rhombe dunggul pp. 9–10 dans le PDF). https://archive.org/download/biostor-52866/biostor-52866.pdf

Indications secondaires/théoriques (utilisées avec prudence ; pour le contexte)

  1. Warner, W. Lloyd. A Black Civilization: A Study of a Black Tribe of Northern Australia. (1937 ; réimpressions ultérieures). (Non OA ; cité pour le contexte Yolngu/Wawilak.)
  2. Berndt, R.M. Kunapipi: A Study of Ancestral Worship in Northern Arnhem Land. (1951). (L’accès varie.)
  3. AIATSIS. « Guidelines for Ethical Research in Australian Indigenous Studies. » https://aiatsis.gov.au/research/ethical-research/guidelines-ethical-research-australian-indigenous-studies

Cartographie interne EToC

  1. Vectors of Mind. « Bullroarer: Totem of the Diffusionists. » https://www.vectorsofmind.com/i/140565846/bullroarer-totem-of-the-diffusionists
  2. Vectors of Mind. « The Snake Cult of Consciousness. » https://www.vectorsofmind.com/p/the-snake-cult-of-consciousness

Notes de bas de page#