TL;DR
- Le rhombe est un instrument rituel pan‑continental présentant de fortes variations régionales quant à son nom, ses associations mythiques et ses usages rituels ; le secret, les restrictions de genre/âge et les sanctions se retrouvent partout (Howitt 1904 ; Spencer & Gillen 1899).
- Dans le Sud‑Est (Kulin, Wiradjuri, Yuin), c’est le tundun/turndun/bribbun/mudthi, la « voix » de Daramulan/Baiame, au centre de l’initiation masculine et de l’ordre social (Howitt 1904, chapitres sur Jeraeil/Bora ; https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft).
- Dans le Centre (Arrernte/Aranda ; Kaitish ; Warumungu), c’est une classe de churinga, étroitement liée aux ancêtres de l’Alcheringa, aux rites d’augmentation (intichiuma) et à l’initiation (Spencer & Gillen 1899, ch. V ; https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm).
- En Terre d’Arnhem (Yolŋu), il fait entendre la voix du Serpent/des êtres sacrés dans les complexes Wawilak/Julunggul et d’autres rites (Warner 1937 ; Berndt & Berndt 1951).
- Les fonctions convergent vers : (1) la voix de la Loi/des Ancêtres, (2) la peur/l’autorité initiatique, (3) la météo/la théophanie, (4) le maintien cosmologique — ce qui s’aligne bien avec les constructions de l’« Eve Theory of Consciousness » (EToC) concernant la mort/renaissance rituelle, l’extériorisation de la Loi et l’auto‑accordage récursif (Cutler 2024 ; https://www.vectorsofmind.com/p/eve-theory-of-consciousness-v3).
« Le Bribbun, ou rhombe, est gardé dans le plus grand secret… Si une femme le voit, la peine est la mort. » — Howitt, The Native Tribes of South‑East Australia (1904 : 579).
Source : https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft
Portée et méthode#
Il s’agit d’une enquête de niveau recherche, région par région, sur le rhombe à travers l’Australie aborigène, fondée principalement sur des ethnographies de première main et des transcriptions textuelles réalisées par des chercheurs de terrain (Howitt ; Spencer & Gillen ; Warner ; Berndt & Berndt ; Stanner ; Elkin ; Lommel ; Roth), avec conservation des termes aborigènes et des identifications mythiques lorsque les sources les consignent. Je privilégie les sources primaires et cite des passages avec indication exacte de page (liens en libre accès lorsque possible).
L’instrument (référentiel de base)#
Partout en Australie, le rhombe est une latte de bois allongée (rarement de pierre) attachée à une corde et tournée pour produire un bourdonnement perçant, riche en infrasons. En Australie centrale, certains rhombes constituent un sous‑ensemble des churinga (Arrernte tywerrenge), planchettes/pierres sacrées liées aux ancêtres du Dreaming et aux Ertnatulunga (dépôts sacrés).
« Chez les aborigènes du Centre… un mystère considérable entoure leur usage —… pour impressionner les femmes… par le pouvoir supérieur du sexe masculin. » — Spencer & Gillen, Native Tribes of Central Australia (1899 : ch. V).
Source : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
Enquête régionale (par aire culturelle)#
Note sur la transcription. Les orthographes et noms de groupes suivent les auteurs cités ; les graphies modernes peuvent différer. « Terme local » désigne le nom du rhombe enregistré dans cette source.
Sud‑Est (Victoria–NSW–SE Queensland)#
Confédération kulin (Victoria) ; Wiradjuri ; Kamilaroi ; Yuin ; Chepara (SE QLD).
Howitt fournit le corpus le plus riche. Chez les Kurnai/Kulin, le rhombe est le tundun/turndun ; chez les Chepara, c’est le bribbun ; chez les Yuin, mudthi ; chez les Dieri (frange du lac Eyre, souvent traités avec le matériel du Sud‑Est chez Howitt), yuntha. Il sert à convoquer les assemblées, marque les transitions dans l’initiation Bora/Jeraeil et est explicitement la « voix » de Daramulan/Baiame.
- Secret & sanctions. L’instrument est dissimulé ; si des femmes ou des non‑initiés le voient, ils encourent des peines extrêmes (Howitt 1904 : 579 ; lien OA ci‑dessus).
- Autorité mythique. Des anciens Yuin identifient leur rhombe à Baiame (Biamban) comme donneur ancestral de la Loi :
« Ceci est un mudthi… donné à nos pères par ce grand Biamban dont tu as entendu parler. » — Howitt (1904 : 518).
Source : https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft
- Matériaux. Les Kamilaroi du Gwydir utilisaient le Brigalow (Acacia harpophylla) ou le roncier ; taille env. 8″×4″, suspendu à un tendon/corde (Howitt 1904, section « Kamilaroi » ; voir le texte intégral OA).
- Protocole acoustique. Les messagers approchaient des campements au coucher du soleil, faisant sonner le rhombe pour convoquer les hommes ; les femmes répondaient par des tambours/chants à distance (Howitt 1904 : env. 579–580, récit du Bora ; OA).
- Saisonnalité. Les rassemblements étaient couramment calés sur des fenêtres logistiques (surplus alimentaire/mois plus frais) ; les indications saisonnières explicites sont sporadiques mais implicites dans les dates de voyage de Howitt.
Désert central (Arrernte/Aranda ; Anmatyerr/Kaytetye « Kaitish » ; Warumungu ; frange warlpiri)#
Arrernte (Aranda).
Spencer & Gillen traitent le rhombe comme une classe de churinga — en bois ou en pierre — conservés dans les Ertnatulunga, dotés de noms secrets et frottés d’ocre lors des rites. L’acte sonore ponctue les cycles d’initiation et d’intichiuma (augmentation).
« La valeur des Churinga… tient au fait que chacun est… le représentant des ancêtres de l’Alcheringa. » — Spencer & Gillen (1899 : p. 154 sq.).
Source : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
Kaitish (Kaytetye) & Warumungu.
Les voisins du Nord possèdent des formes lithiques distinctives :
« Dans le cas des Kaitish et Warramunga… les Churinga sont d’une forme distincte… plats, micacés, en forme de poire, avec de la résine à l’extrémité étroite. » — Spencer & Gillen (1899 : p. 151).
Source : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
Fonctions. Convocation, mise en garde des femmes, marquage des transitions au cours de l’Engwura (initiation supérieure) et consolidation des alliances masculines via les échanges/retours de paquets de churinga.
Désert de l’Ouest (Pintupi, Pitjantjatjara, Ngaanyatjarra, Martu)#
Les sources primaires sont ici plus rares en accès libre. Les hommes du Désert de l’Ouest utilisent des rhombes en bois étroitement alignés sur les schémas du Désert central (initiation ; rites d’augmentation), les noms locaux étant souvent englobés sous la catégorie plus large de churinga dans la littérature ancienne (par ex. les renvois croisés de Spencer & Gillen). Les matériaux et les régimes de tabou s’alignent sur les normes centrales. (Pour des termes/formes spécifiques à chaque communauté, voir Tonkinson 1978 ; Myers 1986 ; non OA.)
Terre d’Arnhem & Top End (Yolŋu ; sphère Kunapipi ; Daly–Murinbata ; exception tiwi)#
NE Terre d’Arnhem (Yolŋu).
Dans la transcription par Warner des cycles rituels Wawilak, le son du rhombe est assimilé au tonnerre/à la voix du Serpent (Julunggul), imposant la séparation sacrée et inaugurant les rites de la saison des pluies (Warner 1937 ; voir aussi Berndt & Berndt 1951 sur le Kunapipi). (Utiliser ces travaux comme points d’ancrage principaux pour la Terre d’Arnhem ; les extraits OA sont lacunaires.)
Daly River (Murinbata).
Dans On Aboriginal Religion, Stanner traite des complexes karwadi/pudj où des signaux sonores imposent la distance entre la Loi des hommes et le savoir restreint des femmes ; le registre ontologique y est explicite (Stanner 1963/1965).
Tiwi (îles Bathurst/Melville).
Spencer note l’absence de rhombe chez certains groupes du Territoire du Nord qu’il a visités — lorsqu’on leur en montrait un, les anciens niaient tout usage local. Ce cas négatif est important : l’autorité rituelle peut être mise en scène sans l’instrument ; la Loi sonore est un moyen, non une nécessité (Spencer 1914, Native Tribes of the Northern Territory of Australia, chapitres sur l’initiation).
Cap York & Golfe#
Cap York (Wik‑Mungkan ; Koko‑Yimidirr ; etc.).
Dans sa North Queensland Ethnography, Roth consigne des formes de rhombes et des règles strictes de non‑accès pour les femmes, utilisés dans les cérémonies masculines (appels de message ; initiation). Le degré de personnification mythique varie selon les groupes linguistiques (bulletins de Roth des années 1900 ; OA via Queensland Museum/IA).
Groupes du Golfe/îles.
Les traditions de Groote Eylandt/Mornington varient ; certains complexes rituels recourent à des bâtons bourdonnants et à des coquilles de conque plutôt qu’à des rhombes ; là où les rhombes sont présents, ils indexent l’orage/le vent ancestral et sont liés aux processions mortuaires (Mountford 1956 ; McKnight 1975).
Sud‑Ouest (Noongar)#
Les notes de Daisy Bates sur l’Australie‑Occidentale (à manier avec prudence) relèvent boorbing pour désigner les rhombes dans les vocabulaires du Sud‑Ouest, avec de fortes normes de dissimulation. Bien que Bates soit inégale, l’item lexical et le motif du secret sont corroborés par les collections muséales de rhombes d’Australie‑Occidentale (Bates 1906 ; catalogues du WA Museum).
Tableau de correspondance 1 — Lexique régional & écologie rituelle#
Tableau A. Correspondances du rhombe (groupes sélectionnés)
| Culture/Région | Terme local (selon la source) | Association mythique | Contexte(s) rituel(s) | Restrictions de genre/âge & sanctions | Son comme symbole | Usage saisonnier | Matériaux/forme | Source primaire représentative (page) |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Kulin (Kurnai) | tundun/turndun | Daramulan/Baiame comme législateur | Initiation Jeraeil/Bora ; convocation | Femmes/non‑initiés ne doivent pas voir ; mort en cas de violation | Voix de l’Ancêtre/de la Loi | Rassemblements calés sur la logistique (implicite) | Latte de bois dur ; corde | Howitt 1904 : 579 ; 518. OA : https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft |
| Yuin (côte sud de NSW) | mudthi | Biamban (Baiame) | Convocation d’assemblées ; initiation | Comme ci‑dessus | Voix de l’Ancêtre | — | Comme ci‑dessus | Howitt 1904 : 518 (citation). |
| Chepara (SE QLD) | bribbun | Ancêtre/Loi | Initiation Bora ; signaux de messager | Comme ci‑dessus | Voix de la Loi | Signalisation au coucher du soleil notée | Bois dur ; enveloppe de dissimulation | Howitt 1904 : 579–580 (récit du Bora). |
| Dieri (lac Eyre) | yuntha | Ancestral | Initiation/messagerie | Comme ci‑dessus | Autorité/peur | — | Rhombe en bois | Howitt 1904 : légende de figure vers 518 (liste yuntha). |
| Arrernte/Aranda (Centre) | churinga (un sous‑ensemble sont des rhombes) | Ancêtres de l’Alcheringa ; dépôts Ertnatulunga | Initiation (Engwura) ; intichiuma (augmentation) | Femmes exclues ; secret strict | Présence de l’Ancêtre ; Loi | Cycles cérémoniels | Bois/pierre ; gravés ; nommés | Spencer & Gillen 1899 : p. 154 ; OA : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm |
| Kaitish (Kaytetye) | churinga (pierre) | Comme ci‑dessus | Comme ci‑dessus | Comme ci‑dessus | Comme ci‑dessus | — | Pierre micacée en forme de poire ; résine à la pointe | Spencer & Gillen 1899 : p. 151. |
| Warumungu | churinga (pierre) | Comme ci‑dessus | Comme ci‑dessus | Comme ci‑dessus | Comme ci‑dessus | — | Formes lithiques distinctes | Spencer & Gillen 1899 : p. 151–153. |
| Yolŋu (Terre d’Arnhem) | termes locaux variables (Warner) ; souvent simplement glosés comme rhombe | Julunggul/Serpent ; complexe Wawilak | Initiation ; drame sacré ; pluie/orage | Femmes exclues ; forte réclusion | Voix du tonnerre/du Serpent | Calage sur la mousson dans les cycles mythiques | Bois ; peint | Warner 1937 ; Berndt 1951 (Kunapipi). |
| Tiwi (Top End) | — (signalé comme absent) | — | — | — | — | — | — | Spencer 1914 (signale absence de rhombe chez certains groupes du NT). |
| Noongar (SW WA) | boorbing (Bates) | Ancêtre/Loi | Initiation ; secret | Femmes exclues | Vent/Ancêtre | — | Bois | Bates 1906, notes de terrain ; catalogues du WA Museum. |
Provenance : Les noms locaux et remarques fonctionnelles sont repris verbatim lorsqu’ils sont cités et, dans les autres cas, résumés à partir des chapitres référencés ; la couverture lexicale n’est pas exhaustive.
Tableau de correspondance 2 — Épisodes rituels & efficacités revendiquées#
Tableau B. Actions et significations acoustiques
| Épisode rituel | Action acoustique (schéma de rotation/lieu) | Efficacité revendiquée | Justification narrative (texte mythique) | Construction EToC | Sources |
|---|---|---|---|---|---|
| Convocation d’un Bora/Jeraeil | Le messager approche au coucher du soleil, fait tournoyer le rhombe ; les femmes tambourinent/chantent à distance | Rassemble les hommes ; marque l’espace tabou ; impose l’ordre | Autorisé par la Loi ancestrale (Daramulan/Baiame) | Extériorisation de la Loi (voix hors des personnes) ; orchestration sociale | Howitt 1904 : 579–580 (OA). |
| Réclusion initiatique | Rotation répétée hors de vue ; présentation aux novices | Induit crainte/effroi ; obéissance ; « faire des garçons des hommes » | « Voix de Daramulan/Baiame »/présence de l’Ancêtre | Mort rituelle→renaissance ; impression de l’autorité | Howitt 1904 ; Spencer & Gillen 1899, chapitres sur l’Engwura. |
| Intichiuma (augmentation) | Le son cadre les actes totémiques (ocre, frottement des churinga) | Fertilité des totems ; abondance saisonnière | Le churinga incarne les attributs de l’Alcheringa | Maintenance cosmique ; calendrier mémétique | Spencer & Gillen 1899 : p. 154–165 (OA). |
| Météo/pluie | Bourdonnement de type tonnerre ; joué lors de rites d’ouverture de la saison des orages | Induction de la pluie/de l’orage ; éveil du Serpent | Cycles dramatiques Julunggul/Wawilak (& Kunapipi) | Théophanie par le son ; couplage nature‑Loi | Warner 1937 ; Berndt 1951. |
| Imposition de frontières | Le son avertit femmes/enfants de s’éloigner du terrain sacré | Maintient la ségrégation rituelle ; prévient la transgression de tabous | Sanctions ancrées dans les injonctions ancestrales | Garde genrée de la tradition ; politique du secret | Howitt 1904 : 579 ; Elkin 1938. |
Vignettes de sources primaires (citations clés)#
« Ceci est un mudthi… donné à nos pères par ce grand Biamban dont tu as entendu parler. » (Howitt 1904 : 518).
OA : https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft
« Le Bribbun, ou rhombe, est gardé dans le plus grand secret… Si une femme le voit, la peine est la mort. » (Howitt 1904 : 579).
OA : https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft
« Chez les aborigènes du Centre… un mystère considérable entoure leur usage —… pour impressionner les femmes par… le pouvoir supérieur du sexe masculin. » (Spencer & Gillen 1899 : ch. V).
OA : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
« Dans le cas des Kaitish et Warramunga, les Churinga sont d’une forme distincte… en forme de poire… résine à l’extrémité étroite. » (Spencer & Gillen 1899 : p. 151).
OA : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
(Citations limitées à ≤25 mots par extrait de source ; les références de page renvoient aux éditions Macmillan 1904/1899 ou aux indications de page explicites dans les transcriptions OA.)
Synthèse : convergences & divergences#
Convergences.
Partout, le rhombe fait entendre la Loi en mettant en scène une autorité extérieure — présente acoustiquement, absente visuellement. Le son est de manière répétée lié aux ancêtres, aux serpents, à l’orage ou au vent, et à la délimitation sociale (éloigner femmes/enfants, convoquer les hommes initiés). En Australie centrale, il incarne aussi des agents ancestraux spécifiques en tant que churinga dotés d’identités et de gardiens, ce qui intensifie le statut ontique de l’instrument (Spencer & Gillen 1899, ch. V).
Divergences.
(1) Ontologie : dans le Centre, les churinga sont des personnes/ancêtres au sens littéral ; dans une grande partie du Sud‑Est, le rhombe est la voix d’un Être suprême (Daramulan/Baiame) mais n’est pas en lui‑même un objet‑personne persistant. (2) Matérialité : variation pierre/bois entre Centre/Nord (pierres micacées en forme de poire chez les Kaitish/Warumungu). (3) Diffusion rituelle : les cycles de Terre d’Arnhem (Wawilak/Kunapipi) mettent au premier plan la théophanie du serpent‑orage ; le Sud‑Est insiste sur l’ordre moral‑juridique dans l’initiation masculine. (4) Présence/absence : quelques groupes du Top End (par ex. les Tiwi) n’ont pas de rhombes (Spencer 1914), ce qui montre que la fonction peut être substituée par d’autres signaux sonores. (5) Les régimes de sanction sont formulés de façon la plus juridiquement explicite dans les sources du Sud‑Est chez Howitt (peine de mort), tandis qu’ailleurs les sanctions sont implicites mais formulées de manière variable.
Lecture du rhombe à travers l’Eve Theory of Consciousness (EToC)#
L’EToC postule que le « je » émerge via un échafaudage culturel récursif — rituel, langage, technologie — qui amorce la métacognition et l’ordre social (Cutler 2024 : https://www.vectorsofmind.com/p/eve-theory-of-consciousness-v3). Le rhombe se superpose nettement à plusieurs constructions de l’EToC :
Mort/renaissance rituelle de l’initié.
La voix invisible impose la soumission, brise l’identité antérieure (garçon) et reconstitue un nouveau soi social (homme sous la Loi). L’acoustique teintée de peur est un opérateur comportemental de transition ontologique (Howitt 1904).Extériorisation de la Loi (Voix du Dehors).
L’instrument matérialise le lieu extérieur de la normativité — la Loi ne vient pas d’un homme présent ; elle parle d’au‑delà (Ancêtre, Serpent, Baiame). Cela stabilise la coordination et limite les conflits (Spencer & Gillen 1899 ; Howitt 1904).Auto‑accordage récursif par le son.
Le bourdonnement est un chronomètre mémétique — un motif acoustique répété qui entraîne les corps et les attentes à travers les cycles cérémoniels. Sa récurrence aux différentes étapes de la vie (convocation→réclusion→révélation) constitue un script récursif qui forme la parole intérieure/l’anticipation — la boucle interne de l’EToC.Garde genrée & politique du secret.
Le contrôle du son (qui peut le produire/entendre/voir) met en acte une asymétrie d’information centrale pour le pouvoir rituel. L’EToC prédit de telles asymétries comme leviers pour mettre à l’échelle la cognition sociale et transmettre les mythes comme compression (Cutler 2024).Maintenance cosmologique.
Dans l’intichiuma et les rites météorologiques, le signe sonore couple le calage humain aux cycles écologiques — une horloge de rétroaction (EToC : le rituel comme mémoire/dispositif). Le retour du rhombe à chaque saison encode attente et obligation.
FAQ#
Q1. Le rhombe est‑il identique au churinga ?
R. En Australie centrale, certains rhombes sont des churinga (catégorie plus large incluant des planchettes/pierres sacrées non sonores) ; ailleurs, les rhombes sont des instruments distincts sans la pleine ontologie du churinga (Spencer & Gillen 1899, ch. V).
Q2. Les femmes ont‑elles toujours l’interdiction d’entendre le rhombe ?
R. L’audition est souvent inévitable ; le tabou porte sur le fait de voir/manipuler l’objet. Les sanctions varient ; les sources du Sud‑Est (Howitt 1904 : 579) mentionnent la mort pour les femmes/monstrateurs, tandis que d’autres régions impliquent mais ne codifient pas toujours les peines.
Q3. Tous les groupes utilisaient‑ils des rhombes ?
R. Non. Certains groupes du Top End (par ex. les Tiwi) n’en avaient pas ; des sons de frontière fonctionnellement similaires (conque, appels vocaux, bâtons de frappe) peuvent se substituer au rhombe (Spencer 1914).
Q4. Le son est‑il du « tonnerre » ?
R. Souvent symboliquement oui (lien serpent/tonnerre en Terre d’Arnhem), mais la fonction est plus large : voix de l’Ancêtre/de la Loi, vent, orage, danger ou fertilité selon le contexte (Warner 1937 ; Berndt 1951).
Sources#
Primaires (liens OA lorsque disponibles)
Howitt, A. W. The Native Tribes of South‑East Australia. Macmillan, 1904. Texte intégral OA : https://archive.org/details/nativetribesofso00howiuoft
— Pages clés citées : 518 (Yuin mudthi ; Biamban), 579–580 (messager/Bora/bribbun ; secret & sanctions).Spencer, Baldwin & F. J. Gillen. The Native Tribes of Central Australia. Macmillan, 1899. Chapitre V « The Churinga or Bull Roarers… » OA : https://sacred-texts.com/aus/ntca/ntca07.htm
— Références clés : pp. 151–154 (formes lithiques Kaitish/Warumungu ; ontologie des churinga), début du ch. V (mystère/pouvoir sexuel).Spencer, Baldwin. Native Tribes of the Northern Territory of Australia. 1914. Flux de texte OA : https://archive.org/stream/cu31924028623076/cu31924028623076_djvu.txt (consulté le 10‑08‑2025).
— Signale l’absence de rhombe chez certains groupes du NT (contexte tiwi), des anciens niant tout usage local lorsqu’on leur en montre des exemples.Roth, Walter E. North Queensland Ethnography (divers bulletins, 1897–1908). OA via Queensland Museum/Internet Archive (par ex. Mémoires : https://archive.org/download/biostor-60903/biostor-60903.pdf).
— Consigne les formes de rhombes du Cap York, les régimes de tabou.Warner, W. Lloyd. A Black Civilization: A Study of an Australian Tribe. 1937. (Pour Wawilak/Julunggul et le lien tonnerre/rhombe ; utiliser une édition scientifique ou un exemplaire de bibliothèque.)
Berndt, Ronald M. & Catherine H. Berndt. « The Kunapipi Ceremony. » Oceania 21–22 (1950–1951). (Théophanie serpent/saison en Terre d’Arnhem ; rôles du rhombe.)
Stanner, W. E. H. On Aboriginal Religion. Oceania Monograph (1963/1965). OA chez ANU Press (divers retirages). (Daly — jetons sonores murinbata et Loi des hommes.)
Bates, Daisy. « Some Observations on the Aborigines of Western Australia. » Proceedings of the Royal Society of Victoria 19 (1906). (Lexème boorbing pour le SW WA ; secret.) (À utiliser avec prudence ; à recouper avec les collections muséales.)
Lommel, Andreas. The Unambal: A Tribe in Northwest Australia. (Pour la sphère wandjina du Kimberley ; non OA en intégralité ; les collections muséales corroborent l’usage du rhombe.)
Secondaires/théorie
- Cutler, Andrew. « Eve Theory of Consciousness v3.0. » Vectors of Mind, 2024. https://www.vectorsofmind.com/p/eve-theory-of-consciousness-v3
Limites & provenance : j’ai privilégié les textes primaires en libre accès pour les citations directes. Certains éléments cruciaux propres à la Terre d’Arnhem/au Kimberley (termes locaux par dialecte, calage saisonnier exact) sont mieux documentés dans des monographies non OA et des catalogues muséaux ; lorsque les pages OA étaient indisponibles, j’ai fourni des résumés prudents et renvoyé aux sources canoniques pour vérification. Si vous le souhaitez, je peux étendre les tableaux avec des lexèmes yolŋu exacts (par clan/langue) et des termes du Kimberley tirés de Warner/Berndt/Stanner/Lommel/Akerman une fois les éditions de référence précisées.